Une liberté d’expression étouffée par des lois répressives

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Président Mohamed Ould Ghazouani

Le Regroupement de la Presse Mauritanienne (RPM) déduit de son diagnostic annuel un recul de la liberté d’expression en Mauritanie en 2021. Les résultats du pouls pris par le RPM illustrent des relations tantôt apaisées, tantôt brûlantes entre médias et pouvoirs publics. Alors que le gouvernement fournit un appui financier aux médias, il adopte en même temps des lois qui étouffent la presse. En Mauritanie, exercer la liberté d’expression s’avère peu à peu assimilable au chemin du combattant faisant face à des défis multiples et multiformes.

Des lois répressives

Le passé récent présente un cadre législatif peu reluisant pour la presse Mauritanienne. En 2016, l’adoption de la loi n° 2016-007 relative à la cybercriminalité introduit l’article 306 du Code pénal modifié instituant la peine de mort obligatoire en cas de « propos blasphématoires » et de « sacrilèges », sans possibilité de repentir ou d’appel. En juin 2020 l’adoption de la « loi contre la manipulation de l’information » a fait écho avec son nombre de victimes. En 2021, le recul de la liberté d’expression et de presse en Mauritanie s’est amplifié avec l’adoption de la « loi portant protection des symboles nationaux et incrimination des atteintes à l’autorité de l’État et à l’honneur du citoyen » qui prévoit un emprisonnement de 2 à 4 ans pour toute personne ayant porté « atteinte à l’autorité de l’État et à ses symboles ». Le cumul de ces lois étouffe une liberté d’expression et de presse encore embryonnaire dans le pays.

Arrestations et interpellation

Intimidations, arrestations arbitraires, interrogations, etc. C’est la conséquence des lois répressives à la liberté d’expression. En 2021, cinq journalistes et près d’une dizaine de blogueurs ont été interpellés par la Police et placés en état d’arrestation, sans que les chefs d’accusation, ne leur soit notifié. Les plaintes ont porté sur la publication d’informations ou sur des avis tenus sur les Réseaux sociaux. A chaque arrestation, les victimes ont été placés en garde à vue pendant plusieurs heures dans un commissariat de Police, avant d’être libérés à l’issue de leur interrogatoire. Dans ce contexte, l’indépendance des journalistes est souvent mise à rude épreuve.

Les séquelles de la pandémie de COVID-19

L’impact financier de la COVID-19 demeure d’actualité pour la presse Mauritanienne malgré l’augmentation substantielle de la subvention publique. En 2021, les Quotidiens et Hebdomadaires ont largement revu à la baisse leurs tirages, passant de 1000 ou 1500 à 500 exemplaires. Pour ce qui est des électroniques, seuls 5 arrivent à se mettre à jour de manière régulière et 4 des 5 stations radios privées en Mauritanie ont suspendu leur diffusion.

Les défis que confronte la presse Mauritanienne sont multiples et multiformes. Le présent Rapport sur l’Etat de la Liberté d’Expression en Mauritanie présente ces défis dans les détails tout en les situant dans le contexte socio-politique national.

Veuillez cliquer ici pour lire le rapport complet.