La gendarmerie sénégalaise a arrêté et traduit en justice un journaliste accusé d’avoir fait de fausses allégations contre la force paramilitaire.
Cheick Yerim Seck, ancien reporter de Jeune Afrique et fondateur du journal en ligne Yerimpost, a été arrêté le 15 juin 2020 puis placé sous contrôle judiciaire par un tribunal le lendemain.
Son arrestation fait suite à une interview sur 7TV dans laquelle il a interpellé la gendarmerie concernant le montant qu’elle a déclaré avoir saisi lors d’un raid dans les locaux d’une entreprise soupçonnée de pratiques de corruption.
Seck a insisté sur le fait que le montant saisi dans la société libanaise Batiplus était de 4 milliards de francs CFA, bien plus que le montant que le groupe paramilitaire avait déclaré aux autorités.
Il a été détenu toute la nuit à la gendarmerie Thionk à Dakar après avoir refusé de révéler la source de ses informations lors d’un interrogatoire intense.
Il a été libéré sous caution après avoir comparu devant le tribunal pour publication de fausses informations, mais il a été placé sous contrôle judiciaire. Cela signifie qu’il doit se présenter régulièrement aux autorités et qu’il ne peut pas quitter la juridiction.
L’arrestation et la détention du journaliste ont été condamnées par plusieurs organisations de défense de la liberté de la presse au Sénégal, dont le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), l’organisation nationale partenaire du MFWA au Sénégal.
‘’La protection des sources d’information du journaliste est la base de la liberté de presse et constitue un pilier essentiel de la déontologie journalistique. Par conséquent, il ne saurait en aucune manière être demandé à un journaliste de trahir ses sources’’, a déclaré un communiqué de presse du SYNPICS.
Bien que le Sénégal n’ait pas dépénalisé les délits de presse, le pays est lié par les instruments internationaux sur la liberté de la presse qui reconnaissent le caractère sacré des sources des journalistes. La tentative des autorités de la gendarmerie sénégalaise d’intimider M. Seck pour qu’il révèle ses sources est donc inacceptable.
Bien que la MFWA ne tolère pas les fausses nouvelles et les allégations frivoles des professionnels des médias, nous insistons également sur le fait que la détention et les poursuites pénales des journalistes pour de fausse publication et diffamation présumée sont rétrogrades. Dans ce contexte, nous demandons instamment aux autorités sénégalaises de prendre des mesures pour dépénaliser les délits de presse afin de donner un sens réel à l’article 8 de la constitution du pays qui garantit la liberté de la presse.