La Mise à Jour Prévue de l’Opérateur d’Internet à Haut Débit de la Guinée lors des Elections Législatives et Référendaire n’est pas Justifiée

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Les principales sociétés de télécommunications et fournisseurs d’accès à Internet de Guinée ont annoncé une interruption de deux jours de l’Internet et des appels internationaux dans le pays à partir du 21 mars 2020, un jour avant les élections législatives et du référendum.

La décision prise par deux sociétés de télécommunications mobiles et un fournisseur de services à haut débit, affectera environ 80% des utilisateurs d’Internet en Guinée.

“La direction de Guilab SA informe ses chers clients que, dans le cadre des travaux de modernisation des installations du réseau de câble sous-marin ACE, certaines opérations sont prévues du 17 au 22 mars 2020 qui vont interrompre les communications internationales (appels téléphoniques et internet) dans tous les pays connectés à ce réseau y compris la Guinée”, a annoncé Guilab, le plus grand opérateur de haut débit de Guinée, dans un communiqué de presse le 18 mars 2020.

Le communiqué de presse précise que “cette interruption de service sur le réseau de câble sous-marin ACE se fera sentir en République de Guinée du 21 mars 2020 à 01h00 GMT au 22 mars 2020 à 9h00 GMT”.

Dans les heures qui ont suivi l’annonce du Guilab, Orange Guinée a également annoncé des opérations similaires qui perturberont le réseau le “21 mars 2020 de 01:00 GMT à 13:00 GMT et le 22 mars de 01:00 GMT à 09:00 GMT”.  Elle a ajouté que cette perturbation affectera les opérations d’Orange dans plusieurs pays africains.

MTN, le géant sud-africain des télécommunications, a également annoncé un calendrier d’interruption de service similaire à celui d’Orange.

Ces annonces ont alarmé le public et suscité de vives critiques de la part de la société civile et des militants politiques, qui estiment que le calendrier est mal choisi et peu judicieux.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), la coalition des partis politiques et des organisations de la société civile qui coordonne la résistance contre la tentative du président Alpha Condé de briguer un troisième mandat, affirme que les sociétés de télécommunications soutiennent les plans du gouvernement visant à perturber l’Internet et à truquer les prochaines élections et le référendum.

“Les raisons fallacieuses invoquées pour justifier la censure d’Internet à la veille de la plus grande mascarade électorale de l’histoire de notre pays constituent une volonté manifeste du régime de M. Alpha Condé de couper la Guinée du reste du monde afin de pouvoir contrôler la circulation de l’information, de réprimer la population et de mener son coup d’Etat en catimini”, a déclaré le FNDC.

Le mouvement anti-troisième mandat a déclaré qu’une déclaration du directeur du département des enquêtes criminelles de la police, le commissaire Aboubacar Fabou Camara, le 5 mars 2020, indiquait que la police mettait sur écoute les communications de certaines cibles. Il a donc exhorté les entreprises de télécommunications à cesser de soutenir cette pratique et a averti qu’il engagerait des poursuites contre “tout opérateur téléphonique qui s’associerait à une telle pratique en violation des procédures légales en la matière”.

Le 22 mars 2020, la Guinée se prononcera sur une proposition visant à supprimer la limitation des mandats présidentiels lors d’élections législatives et d’un référendum. Le président Alpaha Condé, qui en est à son deuxième et dernier mandat en vertu de la loi actuelle, cherche à obtenir un amendement via le référendum afin de briguer un troisième mandat, une ambition qui a été poursuivie au prix de la vie de plusieurs Guinéens, du droit à la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la liberté de réunion. Les perturbations annoncées des communications Internet et téléphoniques constituent une atteinte aux droits de l’homme des Guinéens.

Le MFWA n’est pas convaincu que le calendrier des supposés travaux de modernisation des câbles sous-marins par rapport à la date des élections soit une simple coïncidence. Elle suit une tendance récente qui a vu l’internet perturbé au Bénin et en Mauritanie lors de leurs élections l’année dernière et au Togo en février de cette année.

Étant donné le rôle important de l’internet dans la connexion des personnes et le partage des informations, la décision d’interrompre les services le jour des élections est très regrettable. Nous demandons donc aux entreprises concernées de modifier la date des travaux proposés sur les câbles afin de maintenir l’internet en service pendant les élections.