Quatre-vingt (80) éminents journalistes et organisations de défense de la liberté de la presse en Afrique, parmi lesquelles la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA), ont cosigné une déclaration appelant le gouvernement militaire du Niger à respecter la liberté de la presse et à mettre un terme au déchaînement de violence contre les médias dans le pays.
La déclaration rappelle la vague de menaces et d’agressions contre les journalistes ainsi que la suspension de deux chaînes de médias françaises depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, et appelle le gouvernement à prendre des mesures pour mettre un terme à la frénésie contre les médias.
Le Niger s’est toujours révélé un terrain difficile pour les journalistes à cause de l’extrémiste violent qui sévit depuis une dizaine d’années dans de nombreuses régions du pays. Le pays est devenu un champ de mines pour les médias à la suite du récent coup d’État, avec des attaques et des intimidations quasi quotidiennes contre les journalistes. Cette situation a incité 18 organisations de défense de la liberté de la presse en Afrique et 62 éminents journalistes issus de 24 pays africains à publier une déclaration pour exprimer leur inquiétude.
« Nous, journalistes, responsables de médias et d’organisations de défense de la liberté de la presse, établis et travaillant en Afrique, avons recensé de nombreuses atteintes à la liberté de la presse depuis la prise du pouvoir, le 26 juillet 2023, par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger », peut-on lire dans l’appel.
Parmi les incidents, on peut citer un appel téléphonique intimidateur d’un soldat à la journaliste et blogueuse Samira Sabou au sujet de ses publications. De ce fait, elle a annoncé publiquement qu’elle suspendait ses publications en raison d’un « déni du droit d’exercer en toute éthique ».
Dans un autre incident mis en exergue par la déclaration, le journaliste Soufiane Maman Hassan, éditeur du journal Le Témoin de l’Histoire, a déclaré avoir été arrêté dans la rue par des hommes masqués. Ils l’ont menacé de venir chez lui « très bientôt », et de l’enlever, en l’avertissant de faire attention à ses publications.
La déclaration demandait spécifiquement à la junte de garantir la sécurité des journalistes locaux et internationaux, de lever la suspension indéfinie de RFI et de France 24, de mettre fin aux menaces et aux agressions verbales à l’encontre des journalistes, y compris de la part des membres du CNSP. Elle demandait également au gouvernement de la junte de condamner publiquement ces agressions lorsqu’elles se produisaient et de mener des enquêtes afin d’identifier et de poursuivre les auteurs de ces actes, quels qu’ils soient.
Les signataires ont notamment évoqué la loi nigérienne sur la cybercriminalité dont certaines dispositions « font peser sur les journalistes un risque de répression indue ».
« Nous appelons le CNSP à s’engager publiquement à ne pas invoquer contre des journalistes en raison de leur activité journalistique les dispositions sur la trahison, le terrorisme et la sûreté de l’État », peut-on lire dans l’appel.
Les signataires soulignent que leur appel s’adresse également aux autres États du Sahel dirigés par des militaires.
Lire la déclaration complète ici.