La liberté d’expression et de la presse au Sénégal au cours de l’année 2021 s’est trouvée fortement entrelacée aux évolutions du contexte sociopolitique. Alors que le paysage de la presse faisait déjà l’objet de vastes chantiers législatifs lors des années précédentes et se remettait de la crise financière engendrée par la pandémie de la COVID-19, les manifestations violentes de Mars 2021 lui ont porté un coup dur. Les évènements survenus à la suite de l’arrestation et de la garde à vue du leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), ont mis à nu l’insécurité dans laquelle travaillent les journalistes et techniciens des médias, surtout en période de grands rendez-vous. Mars 2021 était le point culminant des violations de la liberté d’expression et de la presse enregistrées dans le monde des médias au cours de l’année. Ci-dessous un aperçu des violations majeures notées :
- Injures, menaces et violence envers les hommes de presse : Courant mars 2021, alors que plusieurs journalistes ont fait l’objet d’injures et de menaces de morts, quatre caméramen ont reçu des projectiles et une horde de manifestant ont agressés avec des pierres des hommes de presse. Trois journalistes se sont retrouvés avec des blessures.
- Le nouveau Bourreau : Les Forces de l’Ordre : Les forces de l’ordre se montrent souvent intraitables et leur zèle, mêlé à la brutalité, crée une atmosphère de travail où journalistes et techniciens laissent des plumes. L’autorité administrative n’hésite pas à donner l’ordre aux forces de sécurité de charger les journalistes et les techniciens en période de crise. Les évènements de Mars 2021 n’ont pas fait exception. Les hommes en uniformes ont brutalisé journalistes et techniciens de médias laissant leurs matériels de reportage endommagés.
- Attaque de Médias et Coupure de signal : Au cours des manifestations, des organes de presse ont été attaqués par des citoyens en colère. Un exemple est celui du Groupe Futur Médias (GFM) attaqué par une furie de manifestants accusant la Maison de presse d’être à la solde des tenants du pouvoir.
Au pic de la crise, le signal de Sen TV et Walf TV qui rendaient compte en direct des manifestations sur le terrain, a été coupé par le CNRA, l’organe de régulation. Cette pratique était considérée comme une violation directe de la liberté d’expression et de la presse, ainsi que du droit des citoyens à l’information.
La presse Sénégalaise a lors des moments de crise payée un lourd tribut. Au plus fort de la crise sanitaire de la COVID-19, les locaux du quotidien “Les échos” avaient été saccagés, les forces de l’ordre avaient brutalisé les journalistes et techniciens, etc.
Le présent rapport intitulé « État de la liberté d’expression au Sénégal en 2021 » peint les faits majeurs ayant marqués l’exercice de la liberté d’expression et de la presse dans le pays en 2021 tout en les situant dans un contexte sociopolitique, législatif, et démocratique.
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