Ghana : La MFWA exhorte la police à appréhender et traduire en justice les responsables de l’attaque de Benya FM

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La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest condamne l’attaque de Benya FM, une station de radio basée à Elmina dans la région centrale du Ghana, par des malfaiteurs et réclame justice à la police.

Dans la soirée du 16 mai 2022, la station diffusait une émission sur les problèmes liés à l’industrie de la pêche lorsqu’elle a été attaquée. Trois hommes costauds sur des motos ont fait irruption dans les locaux, se sont dirigés vers le studio et ont agressé l’animateur de l’émission, Osofo Blessing, ainsi que le producteur, Nana Gyefo. Les malfrats ont ensuite asséné des coups de pied, des gifles et des coups de poing à leurs victimes et ont détruit des équipements tels que des ordinateurs, des tables de mixage et des microphones. La station est depuis hors antenne, le temps que la direction fasse le point sur l’étendue des dégâts et sur ce qu’il faudra faire pour pouvoir reprendre l’antenne.

La station a signalé l’agression à la police et cette dernière a remis un certificat médical aux deux victimes afin qu’elles puissent recevoir des soins dans un hôpital local.

La police a recueilli les dépositions des deux victimes le lendemain matin et a ouvert une enquête, a déclaré Usman Kwaku Dawood, le directeur des programmes de Benya FM, lors d’un entretien téléphonique avec la MFWA.

Dawood a déclaré que les malfrats étaient des militants notoires du parti au pouvoir, le New Patriotic Party (NPP), mécontents de la discussion libre de la station sur les malversations et le laxisme démontrés dans la distribution aux pêcheurs de la région de carburant prémélangé subventionné par le gouvernement.

« Nous avons des émissions hebdomadaires consacrées à l’agriculture et à l’industrie de la pêche, qui sont diffusées respectivement les vendredis et les lundis. La discussion est toujours axée sur la difficulté d’accès au carburant prémélangé en raison des détournements, de l’interférence des membres des partis politiques et des ventes en catimini à des personnes non qualifiées. Les agresseurs ne sont pas ravis de ce programme et ils l’ont dit en quittant nos locaux. » a-t-il ajouté.

Le commandant divisionnaire de la police, le chef surintendant Abraham Abasah, a confirmé à la MFWA que l’attaque avait été signalée à son service et a assuré que « l’enquête est en cours. »

En quatre mois, c’est la deuxième fois qu’une station de radio est attaquée au Ghana. Le 13 janvier 2022, une dizaine de malfrats ont pris d’assaut les locaux de Radio Ada, une radio communautaire, ont agressé deux de ses journalistes et saccagé du matériel. Comme dans le cas de Benya FM, les assaillants de Radio Ada ont lancé un avertissement à la station pour qu’elle arrête son programme Manor Munyu, une émission de discussion sur l’état de l’exploitation minière du sel, le pilier de l’économie d’Ada.

La MFWA trouve très inquiétante cette attaque, qui survient tout juste deux semaines après que le pays se soit lamenté sur sa chute drastique dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF et ait pris diverses résolutions pour y remédier.

La pêche étant l’activité principale des habitants d’Elmina, il est tout à fait normal que l’organe de presse local discute des problèmes qui y sont liés. Il est donc répugnant que certains individus cherchent à réduire cette dernière au silence par la force brute.

Nous demandons instamment à la direction de Benya FM d’assurer le suivi de cette affaire et appelons la police à veiller à ce que les auteurs soient appréhendés et traduits en justice. L’impunité face à de telles attaques ne fait que jeter de l’huile sur le feu, encourageant d’autres attaques, créant ainsi un cercle vicieux. Nous mettons la police au défi de se montrer à la hauteur de la situation et de faire de cette affaire une exception à la culture du « laisser aller »