Février 2019 en Afrique de l’Ouest – Elections Pacifiques, Abrogation de Lois de Diffamation Criminelle Marquent le Paysage de la Liberté d’Expression

0
550

Deux élections majeures ont été organisées en Afrique de l’Ouest en Février 2019 avec des issues relativement positives pour la sécurité des journalistes en dépit de quelques échauffourées. Les élections générales ont eu lieu au Nigeria le 23 Février, tandis que celle du Sénégal s’en est suivie le lendemain.

Avant les élections, le Sénégal a enregistré un incident inquiétant dans lequel le bus de l’équipe de presse qui couvrait la campagne du candidat de l’opposition, Issa Sall a été la cible d’agressions de la part des sympathisant du Président Macky Sall dans la ville de Tambacouda, à quelques 420 kilomètres à l’est de la capitale Dakar. Huit journalistes ont été blessés dans l’agression qui a eu lieu le 11 Février. Aucune autre violation n’était, cependant, enregistrée durant les élections.

Alors que les préparatifs pour les élections s’étaient passés dans le calme, quelques incidents ont été enregistrés le jour des élections (23 Février). Cinq journalistes ont été arrêtés dans un seul incident lorsqu’ils étaient en route pour interviewer Peter Obi, le vice candidat présidentiel du PDP dans l’Etat d’Anambra.

Un photojournaliste a été blessé sérieusement lorsque qu’il a été atteint d’une balle tirée dans sa maison par des personnes non-identifiées en uniforme militaire. Dans d’autres incidents, quelques groupes de journalistes ont été empêchés d’observer le dépouillement des voix dans certains bureaux de vote dans différents Etat, y compris les Etats de Delta et de Lagos au sud et dans les Etats de Bauchi et Kebbi au nord.

Bien que ces violations soient inquiétantes, elles représentent néanmoins une amélioration importante par rapport au nombre et à la sévérité des violations de la liberté de la presse souvent enregistrées durant les élections passées au Nigeria.

Le 10 Février 2019, à peu près deux semaines avant les incidents du Nigeria, des hommes armés considérés être des sympathisants du gouvernement de George Weah, ont attaqué Roots FM basée à Monrovia, Liberia. Les agresseurs ont emporté deux transmetteurs, un amplificateur et autres équipements du studio. C’était la seconde attaque en dix jours sur la station de radio hautement critique.

Le Liberia était encore à la une pour des actes inquiétants le 21 Février, lorsque la Base Chambre du parlement du pays a décidé qu’elle en a eu assez de reportages “répétitifs” des journalistes qui couvraient les activités de la Chambre et avaient décidé de révoquer leurs accréditations. La Chambre a par la suite écrit aux agences de médias respectifs pour qu’ils désignent de nouveaux correspondants parlementaires, une démarche qui a été dénoncée comme une interférence dans l’indépendance des médias.

Dans l’application apparente de la nouvelle mesure, 18 sur 27 journalistes accrédités ont été empêchés de couvrir la Chambre le 21 Février par un sous-sergent d’armes, qui a évoqué le manque d’espace.

Cependant, tout n’était pas aussi sombre au Liberia, étant donné que le pays s’est racheté avec  l’adoption d’une loi dépénalisant la diffamation, le Président Weah  ayant entériné la loi de révision sur la diffamation criminelle. Le Président a signé pour approuver les révisions des sections 11 :11,11.12 et 11.14 du code criminel du pays qui prescrit des peines d’emprisonnement pour une série de délit de paroles. Le Sénat avait approuvé le projet de loi le 7 Février 2019, après que la Chambre des Représentants l’ait adopté le 3 Juillet 2018.

Il y eut un autre développement positif ; Issiaka Tamboura, rédacteur en chef du journal Soft au Mali a été relâché sain et sauf le 18 Février après avoir passé plus de 30 jours en captivité. Tamboura avait été kidnappé au Centre du Mali par un suspecté groupe militaire le 27 Décembre 2018.

Dans un autre développement, la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) et le Syndicat des Journalistes Nigérian (NUJ), avec le soutien d’International Media Support(IMS), a organisé un forum sur les relations médias et police à Abuja du 6 au 8 Février 2019.

Le forum a rassemblé des journalistes seniors et des rédacteurs au Nigeria, les officiers supérieurs de la police et les commissaires des services de police du Ghana, de la Sierra Leone et du Nigeria aussi bien que des personnes ressources du Canada. Le forum a servi de plateforme pour les agences des forces de l’ordre et les médias de partager d’expériences et construire une confiance mutuelle dans le but d’assurer la sécurité des journalistes avant et pendant les élections du 23 Février dans le pays. Dans une résolution en 10 points adoptée après le forum, les deux parties se sont engagées à faire montre des hauts standards professionnels et à respecter  les rôles de chacun pour garantir la sécurité des journalistes et assurer des élections pacifiques.

Le forum a contribué aux relations relativement cordiales entre les médias et la police durant les récentes élections.