La semaine dernière, les médias ghanéens ont connu une période agitée. En ce qui apparait comme une situation d’insécurité croissante pour les journalistes, la semaine a enregistré un certain nombre d’attaques contre la liberté de la presse.
Le 14 mars 2019, un groupe de policiers a brutalement agressé trois journalistes du journal Ghanaian Times, laissant l’un d’entre eux dans un état critique mais stable à l’hôpital. Les journalistes, qui allaient couvrir un programme, se sont retrouvés en confrontation avec à un policier qui a brisé le rétroviseur de leur voiture avec sa moto. D’autres policiers se sont joints pour agresser les journalistes.
Plus tard, le lendemain le 15 mars, un pasteur, le révérend Owusu Bempah, a pris d’assaut les locaux de la radio Radio XYZ basée à Accra, à la recherche de l’un des présentateurs de la chaîne, Mugabe Maase. Le pasteur a déclaré que le présentateur avait fait à la veille des remarques désobligeantes à son sujet lors de l’émission politique talk-show qu’anime le présentateur sur la station.
En menaçant de tuer Maase et de faire fermer la station, Owusu Bempah aurait créé du désordre à la station alors que ses voyous ont tenté de malmener les invités qui ont condamné l’invasion. C’est la deuxième fois en quatre mois que le pasteur attaque une station de radio.
“Nous condamnons sans réserve cet acte ignoble du prophète Owusu Bempah et sommes convaincus que les agences de sécurité traiteront la question avec célérité”, a déclaré la direction de Radio XYZ dans un communiqué. La direction a depuis lors reporté l’affaire à la police.
Avant ces incidents, le journaliste d’investigation Manasseh Azure Awuni du groupe Multimedia recevait des menaces terrifiantes de la part d’inconnus. Les menaces faisaient suite à la publication du journaliste d’un documentaire d’investigation le 7 mars 2019 sur un groupe d’autodéfense qui serait aligné sur le parti au pouvoir, le New Patriotic Party (NPP), en utilisant l’ancien siège du gouvernement, le château d’Osu, comme base d’entraînement.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest est profondément préoccupée par les tristes événements de la semaine passée qui aggravent le nombre croissant de violations de la liberté de la presse au Ghana ces derniers temps. Ces violations créent un sentiment d’insécurité rampant pour les journalistes et les médias au Ghana, qui est par ailleurs considéré comme un modèle en Afrique en ce qui concerne le respect de la liberté de la presse.
Nous appelons donc toutes les parties prenantes, en particulier la police, à prendre des mesures urgentes pour arrêter la déchéance de la notoriété de la liberté de la presse au Ghana. Nous exhortons également le Conseil Chrétien du Ghana à rappeler à l’ordre le révérend Owusu Bempah, sachant que ce n’est pas la première fois qu’il attaque une station de radio.