Après une brève audience le 9 janvier, un tribunal de première instance de Kano a ajourné au 25 janvier 2023 le procès sur l’affaire de diffamation contre WikkiTimes, un site d’information en ligne basé à Bauchi.
WikkiTimes avait publié une enquête dans laquelle il affirmait que six entreprises de construction, décrites dans l’article comme des « sociétés porte-monnaie », avaient été utilisées comme couverture pour détourner un montant de 290 millions de nairas (environ 640 000 dollars) dans le cadre d’un projet de construction d’écoles à Kano. Le projet en question prévoyait la construction de 20 compartiments de deux salles de classe dans des localités de Kano choisies à dessein.
Suite à cette publication, trois des six entreprises mentionnées dans l’article de WikkiTimes, à savoir S.A.T Engineering Service Ltd, M. Sulum Nigeria Ltd et Haitel Nigeria Ltd ont porté plainte pour diffamation auprès du Tribunal de l’Etat de Kano, situé dans la localité à Gyadi-Gyadi.
Qualifiant la publication de « fausse, malveillante, infondée et malsaine », les trois entreprises ont accusé WikkiTimes de cyberharcèlement et de diffamation « en vertu des dispositions de la loi de 2015 sur la cybercriminalité (interdiction et prévention, etc.) et de l’article 393 du code pénal de l’État de Kano (Cap 89 Laws of Northern Nigeria) ».
Après une brève audience d’ouverture le 9 janvier 2023, le Président de la Cour, Auwal Yusuf Sulaiman, a ajourné l’affaire, vu que l’accusé, Haruna Haruna Mohammed et Elijah Ajoki, respectivement éditeur et reporter, étaient absents, tandis que l’avocat des plaignants a insisté pour qu’ils se présentent au tribunal pour entendre les accusations portées contre eux.
Pour justifier l’absence de ses clients, l’avocat de la défense, Aliyu Yakubu, a déclaré que ses clients étaient tombés sur une barricade érigée par des kidnappeurs présumés alors qu’ils se rendaient de l’État de Bauchi au tribunal de Kano. Il a déclaré qu’ils avaient été traumatisés par cette rencontre quasi-tragique.
La date de reprise d’audience coïncide avec la prochaine audience d’une autre affaire de diffamation intenté contre le journal Wikkitimes par Abdullahi Sa’ad Abdulkadir, membre représentant la circonscription de Ningi/Warji à la Chambre fédérale des représentants.
Le parlementaire a traîné l’éditeur Haruna Salisu Mohammed devant le tribunal pour avoir republié dans WikkiTimes un article sur la corruption qui a été publié à l’origine par Xchange Hama Media. Dans la pétition portant le numéro BA/35/22, le législateur a demandé, entre autres, qu’il soit ordonné aux deux médias de retirer l’article, de présenter des excuses et de payer collectivement une somme de 5,5 millions de dollars.
Le 7 décembre 2022, l’affaire a été ajournée au 25 janvier 2023.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) exprime sa solidarité indéfectible envers WikkiTimes, ses dirigeants et ses reporters face aux poursuites-bâillons dont ils ont fait l’objet.
Nous sommes convaincus que les juges dans les différentes affaires feront respecter la loi plutôt que la vendetta personnelle. Nous demandons instamment aux tribunaux d’assurer un traitement rapide des affaires afin de ne pas surcharger les défendeurs financièrement et psychologiquement, afin d’éviter qu’ils soient détournés de leur travail crucial d’informer le public et de demander des comptes aux responsables publics.