L’Union de la presse gambienne (Gambian Press Union – GPU), l’un des nombreux partenaires de la MFWA dans la sous-région, a émis une condamnation suite à l’arrestation arbitraire du rédacteur en chef du portail d’information en ligne Gainako.
Dans la mesure où l’arrestation n’a pour ainsi dire pas été provoquée et qu’elle n’est apparue que comme une démonstration de force, la condamnation de la GPU a été ferme. La MFWA se rallie à cette condamnation.
Le 7 juillet 2022, la GPU a reçu des informations officielles selon lesquelles, le 5 juillet 2022, Yusef Taylor avait été arrêté arbitrairement et accusé d’« entrave à un officier de police dans l’exercice de ses fonctions. »
Taylor a été détenu au poste de police de Sénégambie pendant quatre heures après avoir tenté de couvrir la dernière arrestation de Neneh Freda Gomez et Lamin Sey de l’association humanitaire médicale, Global Home of Medical Mission (Global HoMM).
Global HoMM est empêtrée dans un contentieux avec le gouvernement de la Gambie. Ce contentieux porte sur un terrain pour lequel Global HoMM a obtenu des jugements en sa faveur, déclarant qu’elle est le propriétaire légitime du terrain que le gouvernement aurait réservé pour la construction d’un hôtel en vue du sommet de l’OCI de 2022.
Taylor a couvert cette affaire sans relâche, notamment en vérifiant les déclarations et les récits du gouvernement à ce sujet, et a constaté que certaines de ces déclarations étaient « fausses ou trompeuses ».
Il a été libéré plus tard et a déclaré avoir été informé par la police qu’il avait été accusé d’« obstruction ».
Taylor a été arrêté après que des policiers ont tenté de le faire sortir de force des locaux de la station de police (l’agressant ainsi) alors qu’il tentait de s’enquérir de la détention des représentants de Global HoMM, Neneh Freda Gomez et Lamin Sey.
Selon un collègue qui a été témoin de l’incident et un responsable de la sécurité de la GPU qui a visité le commissariat de police où le journaliste était détenu, l’incident a eu lieu en deux temps. Après avoir tenté dans un premier temps de faire sortir M. Taylor du commissariat par la force, au point de déchirer sa chemise, les agents ont ensuite décidé de le traîner dans le commissariat et de l’enfermer dans l’une des cellules.
« La GPU condamne sans réserve les actions de ces officiers et est consternée par la tendance déplorable et sans fin d’agressions de journalistes par les forces de l’ordre, en particulier la police », a déclaré le président de la GPU, Muhammed S. Bah. La position de la GPU telle qu’exprimée par M. Bah reflète la position de la MFWA sur cette question.
Cet incident rappelle les événements de juin 2020, lorsqu’Ebou N. Keita a été arrêté, détenu, puis relâché sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui pour avoir photographié des policiers arrêtant des personnes qui tenaient une manifestation contre les restrictions imposées par le pays en ce qui concerne la COVID-19.
« Cet incident est également un rappel brutal que bien que le respect de la liberté d’expression et de la liberté de la presse prévues par la Constitution de 1997 se soit considérablement amélioré depuis 2017, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la protection des droits des journalistes. En effet, ces derniers continuent d’être attaqués par les forces de sécurité alors qu’ils ne font qu’accomplir leur devoir constitutionnel, qui est de demander des comptes au gouvernement », a déclaré M. Bah.
La MFWA, qui se joint à la GPU, appelle les forces de police gambiennes à faire preuve de retenue et à cesser de recourir à la force contre les journalistes qui ont pour mission non seulement de demander des comptes au gouvernement, mais aussi de promouvoir le droit du public à l’information, qui est un aspect fondamental de la liberté d’expression, de l’accès à l’information ainsi que de la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance.
Le 7 juillet 2022, M. Taylor a informé la GPU qu’il avait été appelé par la police et qu’on lui avait demandé de se présenter au même poste de police où il avait été détenu le mardi. Il lui a par ailleurs été demandé de se présenter au poste le 8 juillet à 13 heures.
Selon les recherches menées par la GPU, cette infraction présumée est considérée comme une agression en vertu de l’article 230(b) du code pénal gambien, qui prévoit une peine d’emprisonnement de deux ans si la personne est jugée coupable.
« Nous demandons à la police d’abandonner sans réserve l’accusation d’obstruction à l’encontre de M. Taylor et de cesser le harcèlement continu du journaliste en lui demandant de se présenter au commissariat de police de la Sénégambie », a déclaré Modou S. Joof, secrétaire général de la GPU.
« Les journalistes ne sont pas l’ennemi et nous pensons que les fondements de la Constitution ne peuvent être respectés que si les journalistes sont autorisés à faire leur travail sans être harcelés, intimidés ou arrêtés arbitrairement », a déclaré M. Joof.
La GPU est déterminée, prête et désireuse de continuer à échanger avec les autorités étatiques et les responsables du secteur de la sécurité en vue de promouvoir un environnement favorable à la liberté de la presse, en particulier en ce qui concerne la sécurité des journalistes.