La Sécurité des Journalistes et la COVID-19 en Afrique de l’Ouest: les Experts Francophone Plaident pour une Meilleure Collaboration

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Le monde est aujourd’hui confronté à la pandémie de COVID-19. L’Afrique de l’Ouest n’en est pas épargné. Dans le cadre de la lutte contre cette pandémie, les media jouent un rôle crucial. Ils éduquent, sensibilisent, et informent les citoyens sur le virus ainsi que les mesures prisent par les autorités en vue de limiter sa propagation. Le rôle d’information des journalistes n’a jamais été aussi cruciale.

Cependant, dans l’exercice de leurs fonctions, les journalistes font face à nombres d’attaques. Ils sont brutalisés, arrêtés, détenus, et harcelés. Outre ces violations des droits des journalistes et de la liberté d’expression, les médias en Afrique de l’Ouest sont confrontés à une précarité financière qui est venue aggraver l’impact de la pandémie de coronavirus sur les médias.

Dans le but de contribuer à la recherche des solutions aux effets de la pandémie sur les médias, la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a entamé une série de Webinaire afin de recueillir les réflexions des experts sur les approches de solution face à ces défis. La MFWA a tenu, le 4 juin, 2020, son deuxième webinaire   sur la Covid-19 et la Sécurité des Journalistes en Afrique de l’Ouest Francophone. Ce forum fait suite à la première édition qui était consacré aux pays Anglophones de la sous-région.

Les panelistes pour cette deuxième édition étaient, Amina Niandou, Membre du Conseil de la Communication du Niger, Bacary Mané Domingo, journaliste et Vice-Président du Conseil de la Carte de Presse du Sénégal, Yacouba Ladji Bama, rédacteur en chef du bi-mensuel d’investigation Courrier Confidentiel au Burkina Faso.

En ce qui concerne la situation des journalistes au Niger, Amina Niandou a évoqué l’existence d’une loi sur la cybercriminalité qui sanctionne les publications en ligne considérées comme attentatoires à l’ordre publique. C’est dans l’application de cette loi qu’un journaliste a été détenue sur une durée de 3 semaines suite à des allégations de dissémination de fausses informations sur la COVID-19.

Bacary Domingo a également souligné que les mesures de couvre-feu dans le cadre de la lutte contre la pandémie affectent considérablement la sécurité des journalistes.

«Nous avons relevé plusieurs cas d’attaques des forces de l’ordre contre les journalistes pour des raisons de violation de couvre-feu. Ces attaques ont lieux malgré que l’Etat ait fournit des laissez-passer aux journalistes » il a également ajouté que « Les journalistes ne font pas tous du télétravail et il y en a qui travaillent et rentre tard et dans ces cas les forces de l’ordres ne sont pas clément».

Si les journalistes sont aux prises avec les différentes lois au Niger et au Sénégal, Ladji Bama du Burkina Faso a indiqué que depuis l’éruption de la Covid-19 au Burkina Faso il n’y a encore eu aucun cas d’attaques, ni de détention de journaliste dans le cadre de leur reportage sur le virus. Cependant, il a évoqué que les couvre-feux imposés ont eu un impact sur les journalistes.

«Les couvres feux ont mis en difficulté l’accès à l’information pour les journalistes dans la nuit. Mais grâce aux laissez-passer fournit par l’état la situation s’est amélioré».

Les panelistes ont aussi souligné nombres de défis concernant la viabilité financière au sein des médias. Selon Domingo «avec la COVID-19 la situation financière des médias est devenue difficile. D’abord les thermos flash, les masques, les gels, les perches pour les micros, et même la distanciation. Tout cela représente un coût pour les médias. Alors que certains Sénégalais n’achètent plus le journal parce que pour eux le papier pourrait être contaminé. Cette situation a des implications majeures sur les recettes».

S’exprimant sur la situation du Niger, Amina Niandou a martelé que les femmes risquent de subir de plein fouet les difficultés financières auxquels font face les médias. Selon elle, «si les médias décident de faire les licenciements, il est fort probable que cela commence par les femmes car elles sont perçues, a tort bien sûr, comme moins productives comparé aux hommes».

Les panelistes ont cependant souligné les mesures entreprises par leurs gouvernements respectifs pour alléger l’impact financier de la pandémie. Selon Domingo, «au Sénégal, l’aide à la presse a été doublée de 700 millions à 1.4 milliards pour faire face à l’impact du COVID-19». Au Niger, le gouvernement a demandé aux médias de fournir des factures de leurs reportages et au Burkina Faso, le gouvernement a annoncé parmi ces mesures pour aider les médias la diminution de 50% des impôts à payer par la presse.

Cependant les journalistes jugent ces mesures insuffisantes, et soulignent que le gouvernement doit faire plus en vue d’améliorer le cadre juridique et économique des médias en vue de promouvoir leurs épanouissements. C’est dans ce cadre que les panelistes ont proposer les recommandations suivantes :

  • Etablir des partenariats: Les organes de presse devraient tisser entre elles des partenariats et former sur le long terme des conglomérats. Cela leur permettra d’être plus durable et moins vulnérables aux crises financières.
  • Collaborer: Il est primordial de collaborer entre journalistes, organes de presses et associations de médias à travers la sous-région dans le but de dénoncer de commun accord les attaques perpétrées contre les hommes de presse et revendiquer le respect des droits à la liberté d’expression et de la presse.
  • Augmenter l’aide à la presse: En vue de mieux promouvoir des médias résilients et indépendants, il est nécessaire que les gouvernements dans la sous-région augmentent l’aide à la presse.
  • Adopter le numérique: En cette ère du Covid-19 où le télétravail fait la norme, et les journaux en papier connaissent une mévente, il est crucial que les entreprises de presse adoptent le numérique parmi leurs outils de travail, et mettent en place des mesures leur permettant de publier et de réaliser des revenues en ligne.