Trois membres de l’opposition, Rouguy Barry, membre éminente du parti d’opposition Union des Forces Républicaines (UFR), Sidiya Touré, leader de l’UFR et Bâ Mamadou, leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) ont tous été interdits de sortie du pays. Les autorités guinéennes n’ont fourni aucune explication de cette interdiction.
Selon les sources de Media Foundation for West Africa (MFWA) en Guinée, le 29 mars 2004, Mme Barry a été arrêtée à son domicile à Conakry, la capitale, et détenue au siège de la Police Judiciaire. Le 5 avril 2004, elle a été transférée à la Maison Centrale de Conakry, une prison construite pour abriter les criminels endurcis et réputée pour son insécurité et sa condition d’extrême insalubrité.
Le 15 avril 2004, les autorités judiciaires ont accordé la liberté provisoire à Mme Barry, mais lui ont interdit d’entreprendre toute activité humanitaire, sociale ou commerciale. On lui a interdit également de participer à toute cérémonie de baptême ou de mariage sans informer et obtenir l’autorisation expresse du magistrat instructeur.
Avant sa libération provisoire, Mme Barry avait entamé une grève de la faim pour protester contre ce qu’elle considérait comme étant sa détention illégale. Elle aurait perdu du poids en raison de sa grève de la faim qui a occasionné une détérioration de son état de santé.
Le 10 avril 2004, les forces de sécurité ont arrêté Sidiya Touré, leader de l’UFR et Bâ Mamadou, leader de l’UFDG à l’aéroport international Gbessia à Conakry. Les deux dirigeants de l’opposition s’apprêtaient à voyager sur Dakar (Sénégal) pour assister à une réunion internationale, lorsqu’ils ont été arrêtés par les agents de sécurité. Ils avaient effectué les formalités de voyage et se dirigeaient vers la salle d’embarquement quand deux commissaires de sécurité, Dominique Mara et un certain Kassé leur ont barré la route. Les commissaires ont dit aux leaders de l’opposition qu’ils avaient reçu l’ordre formel des autorités guinéennes de les empêcher de faire le déplacement.
La Media Foundation for West Africa (MFWA) s’inquiète beaucoup des mesures répressives prises à l’encontre des hommes politiques de l’opposition et des médias depuis les élections présidentielles du 21 décembre en Guinée.
Les 26 et 30 décembre, Sanou Kerfalla Cissé, directeur de publication, Talibe Diallo, rédacteur en chef adjoint de l’hebdomadaire Le Diplomate et Jean Marie Morgan, journaliste indépendant, ont été convoqués par la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) et interrogés pendant plusieurs heures. Les journalistes ont été interrogés à propos de deux articles publiés dans le numéro 65 du 23 décembre 2003 du journal, sous les titres « Matam/Les dés sont pipés » et « Kaloum/élections bradées »
Les 27 et 29 avril 2003, la DST avait convoqué Alpha Abdoulaye Diallo, directeur de publication du bihebdomadaire Le Populaire et l’a interrogé pendant plusieurs heures. Diallo a été convoqué, suite à la publication d’un article dans l’édition N° 37 du 25 décembre titré : « Wade prépare l’exil de Conté »
La MFWA considère ces évènements survenus depuis l’élection de décembre comme défavorables au développement de la démocratie dans le pays. La MFWA exhorte le gouvernement du Président Lansana Conté à lever sans condition l’interdiction de voyage imposée aux leaders de l’opposition et à tolérer l’exercice de la liberté d’expression par l’opposition et les médias en Guinée.