La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a publié un rapport mettant en lumière d’importants défis affectant la sécurité et la progression professionnelle des femmes journalistes au Mali.
Au Mali, le contexte sécuritaire précaire place déjà les journalistes dans une position difficile, les obligeant à exercer leur métier avec une extrême prudence pour éviter de devenir des cibles potentielles, que ce soit pour le gouvernement ou les groupes rebelles. Cependant, les femmes journalistes se trouvent dans une situation encore plus vulnérable, en raison des défis spécifiques liés à leur genre. Elles doivent non seulement faire face aux mêmes risques sécuritaires, mais également surmonter des obstacles d’ordre organisationnel et public. Souvent confrontées à des stéréotypes, de la stigmatisation, des agressions sexuelles et d’autres formes de harcèlements, elles subissent aussi fréquemment la discrimination flagrante en raison de leur genre, qui se traduit par une sous-évaluation injuste de leurs qualifications professionnelles et des inégalités salariales par rapport à leurs homologues masculins. Cette situation est souvent perpétrée par des responsables de médias.
Le rapport met en évidence la persistance des violences, des discriminations et des inégalités à l’égard des femmes journalistes au Mali, avec des violences d’ordre organisationnel et public. Il révèle que plus de 80 % de ces femmes journalistes considèrent qu’elles sont confrontées à des défis sécuritaires particuliers liés à leur genre, et plus de 60 % d’entre elles ont été victimes d’abus ou connaissent des consœurs qui en ont été victimes.
Les sujets politiques, la religion, la sexualité, l’excision, le style vestimentaire, la sécurité nationale et la défense sont identifiés comme des facteurs de risque de violences à l’encontre des femmes journalistes, les sujets politiques étant les plus préoccupants (40 %). Les violences liées à ces sujets peuvent découler de la critique de politiciens ou de partis politiques, de la couverture de manifestations ou d’interviews d’hommes politiques. Les sujets liés à la religion, la sexualité, l’excision et le style vestimentaire (30 %) sont également sources de conflits importants. Les violences en lien avec la sécurité nationale et la défense (20 %) montrent que les femmes journalistes peuvent être confrontées à des menaces, des harcèlements ou des agressions lorsqu’elles traitent de questions sensibles relatives à la sécurité nationale.
En ce qui concerne les violences organisationnelles, les rédacteurs en chef sont les principaux auteurs, responsables de plus de 72 % de ces violences, suivis des collègues de travail et des chefs de départements, chacun étant impliqué dans 14 % des cas.