Les autorités libériennes doivent enquêter sur les récents incidents d’agression de journalistes lors d’événements sportifs dans le pays et prendre des mesures pour assurer une protection plus efficace des médias dans les différents stades.
Un présentateur de la chaîne privée Okay FM basée dans la capitale Monrovia a rapporté avoir été agressé lors du dernier match de football de la rencontre nationale 2020 entre les comtés de Nimba et de Grand Kru au complexe sportif Samuel Kanyon Doe, le 26 janvier 2020.
“J’ai été attaqué ce soir au SKD [Stade “Samuel Kanyon Doe” ] par des agents de l’EPS [Service de Protection des Dirigeants], sous les yeux du directeur de l’EPS. Ça alors !!!” Zenu Miller a publié sur Facebook.
Le Service de Protection des Dirigeants (EPS) est une division d’élites des forces de sécurité du président George Weah.
Zenu Miller, qui est un animateur de talk-show populaire à Okay FM, s’est à nouveau rendu sur les médias sociaux le lendemain matin pour révéler qu’il souffrait de fortes douleurs dans la poitrine et les jambes à la suite de l’agression, ce qui l’a obligé à se faire soigner.
L’attaque contre Miller est survenue deux jours seulement après qu’un autre journaliste, Christopher Walker du journal en ligne FrontPageAfrica, ait été agressé, également par le personnel de sécurité, alors qu’il couvrait un match de football dans le même stade le 24 janvier 2019.
Walker, a été accosté par un officier de police et a été prié de quitter l’endroit où il se tenait avec d’autres journalistes, pour être ensuite attaqué lorsqu’il a demandé la raison de l’ordre discriminatoire.
“J’ai donc demandé pourquoi j’étais la seule personne à qui l’on avait ordonné de quitter l’espace réservé à tous les journalistes, … “Le policier et plusieurs autres personnes sont venus et m’ont agressés et brutalisés alors qu’ils me renvoyaient du terrain”, a raconté Walker.
Le journaliste a été blessé alors que son appareil photo et son ordinateur portable ont été endommagés. Un rédacteur en chef du journal, Alpha Senkpeni, a déclaré au Centre for Peacebuilding and Media Studies (CEMESP), l’organisation nationale partenaire du MFWA au Liberia, qu’il soupçonnait que l’attaque était liée à un article que Walker avait écrit sur les tentatives présumées du ministère de la Jeunesse et des Sports d’interférer avec le déroulement de la journée.
La direction de FrontPageAfrica a demandé qu’une enquête soit menée sur l’incident, un appel qui a été soutenu par le CEMSP.
Le MFWA est profondément préoccupé par la vague d’attaques de journalistes par les forces de sécurité lors d’événements sportifs au Libéria. Quatre incidents de ce type ont été signalés au cours des sept derniers mois.
Webster Cassell, le rédacteur sportif du journal INQUIRER a été malmené par des policiers armés alors que le journaliste couvrait un match de football au stade Antoinette Tubman de Monrovia le 10 juin 2019.
Les officiers, qui n’ont présenté aucun mandat, ont déclaré qu’ils arrêtaient Webster sur ordre de Wilmot Smith, un vice-président de la Fédération libérienne de football. Le jour même, le journal avait publié un article critique sur l’administrateur du football.
Michael Solomon, de Prime FM, a également été malmené par la police et forcé de supprimer les photos de l’altercation entre eux (la police) et Webster.
La MFWA considère ces attaques contre des journalistes sportifs comme une atteinte à l’image de la liberté de la presse au Libéria, et d’autant plus alarmante que les auteurs de ces attaques étaient dans tous les cas des agents de la sécurité de l’État. Nous appelons donc les autorités du Libéria à enquêter sur les récentes attaques contre Zenu Miller et Christopher Walker et à prendre des mesures pour mettre fin aux agressions contre le personnel des médias pendant les événements sportifs.