Faits Saillants de la Liberté Expression en Novembre 2019: Attaques en Série contre des Journalistes, 4 Manifestants Tués

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Source: IFEX

Les attaques incessantes en Guinée contre les manifestants en Novembre 2019 ont fait quatre morts, tandis que le Nigeria poursuit sa descendante spirale avec une série de violations de la liberté d’expression (LDE) contre une douzaine de journalistes et plusieurs manifestants au cours d’un des mois les plus répressifs de l’année pour la LDE.

Meurtres

Le 4 Novembre, les forces de sécurité guinéennes ont renoué avec leurs répressions brutales des manifestants en tirant mortellement sur deux personnes lorsqu’ils ont ouvert le feu sur un cortège accompagnant les cercueils de 11 personnes qui avaient été tuées suite aux brutalités policières lors des manifestations du 14 au 16 Octobre 2019.

Certains jeunes parmi les affligés auraient érigé des barricades et commencer à brûler des pneus pour exprimer leur colère. La police a lancé des gaz lacrymogènes pour les disperser et les jeunes ont répondu avec des jets de pierres, suivis de canons à eau et de coups de feu de la police, ce qui a entraîné un désordre. À la fin, deux des personnes endeuillées sont mortes.

Deux jours après l’attaque, les forces de sécurité en Guinée ont tué deux autres manifestants à Conakry. Mamadou Bela Baldé venait de sortir de chez lui pour rejoindre la foule en compagnie de trois autres personnes lorsqu’il a été frappé à la tête par une balle tirée par les militaires. L’un de ses collègues, Mamadou Alimou Diallo, a également été mortellement touché à la poitrine dans la banlieue de Conakry à Wanidara le 6 Novembre.

Si la Guinée a fait la une des journaux pour les morts qu’elle a enregistrées parmi les manifestants, le Nigeria est également descendue dans l’abîme des agressions avec une série de répressions, de menaces et de détentions de journalistes et de manifestants.

Attaques physiques

Douze journalistes ont été agressés, menacés ou détenus lors d’incidents distincts au Nigeria. Le premier incident s’est produit le 7 Novembre lorsque des agents de sécurité rattachés au vice-président Yemi Osibanjo ont agressé Abayomi Adeshida, un photojournaliste du journal privé Vanguard. Les agents du Département de la sûreté de l’État (DSS) ont attaqué le journaliste pour avoir pris des photos du vice-président lors d’une exposition dans la salle de banquet de la Maison d’État. Adeshida a été blessé et son appareil photo a été endommagé.

Le 9 Novembre, des voyous soupçonnés d’être des hommes de main du gouvernement de l’État d’Edo ont brutalisé des manifestants antigouvernementaux et un journaliste couvrant les attaques. Les voyous qui portaient des t-shirts portant l’inscription “Vigilante Edo Government House” ont attaqué Jomoh Ogirima de Rave Television et détruit sa caméra.

Le 12 Novembre, des agents armés du Département de la sûreté de l’État (DSS) ont attaqué deux journalistes qui couvraient une opération de répression des manifestants exigeant la libération du journaliste et militant politique Omoyele Sowore, détenu.

Les agents de la DSS ont attaqué Stanley Ugochukwu, un journaliste de Arise TV, et ont saisi son appareil photo. Ils ont également soumis Oludare Richards du journal The Guardian à de violents coups. Richards en est sorti avec une blessure à la tête et plusieurs contusions au bras.

Les agents de sécurité ont agressé Yemi Adamolekun, une militante qui dirige le groupe de pression Enough Is Enough Nigeria, après l’avoir vue filmer la répression. Les agents ont également saisi et détruit son téléphone portable.

Les agents du DSS étaient descendus sur les manifestants avec des cannes, des gaz lacrymogènes et des balles réelles, et étaient déterminés à empêcher les médias de couvrir la répression.

Un certain nombre de violations à l’encontre des médias ont également été enregistrées lors des élections des gouverneurs d’État tenues le 16 Novembre dans les États de Kogi et de Bayelsa. Certains voyous ont attaqué quatre journalistes, menacé et empêché d’autres de couvrir les élections.

Un groupe de voyous a jeté des pierres sur Tobi Kusimo et David Bello de la station de radio Splash FM lorsque les journalistes ont tenté d’interviewer un agent de bureau de vote à Aiyetoro Gbede, une ville de l’État de Kogi.

A Anyigba, également dans l’Etat de Kogi, une autre foule a encerclé le véhicule de Sam Egwu, journaliste de la presse privée The Nation, et Sunday Amachi, journaliste de la radio publique Kogi, alors que les deux hommes arrivaient dans un bureau de vote. La foule, dont on ne sait pas du tout rien de son motif, a jeté des pierres sur la voiture, forçant les journalistes à battre en retraite.

Dans un autre bureau de vote de Dekina, dans l’État de Bayelsa, des journalistes de la African Independent Television couvrant les élections ont été attaqués par des voyous.

Menaces

Plusieurs journalistes couvrant les élections du 16 Novembre au Nigeria ont également reçu des menaces. Dans un cas, des policiers ont menacé et forcé Chinedu Asadu, journaliste de la presse en ligne The Cable, à fuir du bureau de vote. La police a accosté Asadu alors qu’il filmait un politicien qui donnait de l’argent à un groupe de femmes électrices. Ils ont saisi le téléphone du journaliste et l’ont accusé d’avoir tenté de discréditer les élections. Asadu s’est enfui lorsque son téléphone lui a été rendu au milieu des malédictions et des menaces de la police.

Dans un autre incident, quatre individus non identifiés portant des cannes et des bouteilles ont intercepté Adejumor Kabir, un journaliste de la presse Premium Times, et lui ont ordonné de faire demi-tour. Kabir, qui se rendait au siège de la Commission électorale nationale indépendante dans l’État de Bayelsa pour couvrir le décompte des voix pour les résultats des élections, a été contraint d’abandonner le voyage sous la menace de violence de la foule.

Un autre journaliste, Lolafunke Ogunbolu, qui travaille pour Africa Independent Television, a rapporté qu’un groupe d’hommes armés a menacé de le battre après l’avoir vue filmer leur agression contre une femme dans un bureau de vote à Aiyetoro Gbede dans l’État de Kogi.

A Opolo, également dans l’Etat de Bayelsa, des jeunes soupçonnés d’être loyaux envers l’un des deux principaux partis politiques s’en sont pris à certains journalistes et observateurs, les forçant à fuir. Les jeunes armés ont également brandi ouvertement des armes, effrayant les électeurs.

En Gambie, deux groupes de jeunes affiliés au président gambien Adama Barrow ont agressé trois journalistes qui couvraient la tournée “Meet the People” du président le 21 Novembre. Les membres du Barrow Youth Movement et du Barrow Fans Club ont agressé Ebrahim Jambang de The Gambia Talent Promotion Media, Sally Jobe de Kerr Fatou et Landing Ceesay de Paradise FM, pour avoir filmé leurs plaintes et détruit les caméras de Jambang et Cessay.

Dans le seul cas de détention arbitraire, la police de Lagos a détenu Dipo Awojobi, rédacteur en chef de First Weekly Magazine, le 8 Novembre, après qu’un homme politique du parti au pouvoir eut déposé une plainte en diffamation contre le journaliste. Awojobi aurait été transféré à Abuja après avoir passé la nuit du 8 Novembre dans des cellules de police au quartier général du commandement de la zone ” F ” à Ikeja, Lagos.

Autres Développements

La Guinée a fait une réparation honorable avec deux décisions judiciaires importantes qui ont donné un coup de pousse à la liberté de la presse et à la liberté d’expression.

En premier lieu, le 28 Novembre, la Cour suprême a ordonné au régulateur des médias, la Haute autorité de la communication (HAC), à rétablir les licences de deux stations de radio qui avaient été fermées pour avoir installé leurs émetteurs dans un endroit autorisé.

Le même jour (28 Novembre), la Cour d’appel de Conakry a provisoirement libéré des membres du groupe de pression politique Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qui purgeaient diverses peines de prison pour avoir organisé récemment des manifestations anti-gouvernementales. Les dirigeants du FNDC, dont un ancien ministre d’Etat, ont été condamnés en Octobre à la suite d’une manifestation qu’ils avaient appelée à se tenir à Conakry le 14 octobre.