Sénégal : La MFWA salue la reparution du quotidien Le Soleil

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Le Soleil, le plus ancien quotidien public du Sénégal, a presque tourné la page plusieurs mois après l’incident dramatique qui s’est produit en août 2022. Après trois jours de grèves afin de se faire entendre, les journalistes, qui ont décidé d’exprimer leur ras-le-bol le 4 août 2022, se sont vu brutalisés et molestés par les forces de l’ordre dans les locaux du quotidien.

Il a fallu une médiation des lecteurs assidus et des autorités du pays, parmi lesquelles se trouve le Ministère de la communication, pour que les journalistes du quotidien Le Soleil acceptent la main tendue par les médiateurs, et décident de reprendre les plumes le 10 août 2022.

Dans l’édition du mercredi 10 août 2022, La direction du journal n’a pas manqué de présenter des excuses à ses lecteurs pour ce qu’elle a qualifié de « péripéties ».

« Chers lecteurs, nous n’avons pas été en mesure de mettre à votre disposition votre journal ces derniers jours. Vous avez, sans doute, suivi les péripéties qui ont conduit à cette situation née de désaccords entre le Directeur général et les délégués du personnel. Nous regrettons sincèrement cet impair qui a causé, certainement, du tort à l’État, à nos lecteurs, et à nos annonceurs », s’excusait le journal dans son édition du 10 août 2022.

« C’est une première dans notre histoire plus que cinquantenaire et espérons ne plus revivre pareille situation. Nous présentons nos excuses à nos lecteurs, à nos partenaires et à l’État du Sénégal dont le soutien ne nous a jamais fait défaut. Nous réitérons, enfin, notre engagement à toujours servir un journal au service de tous les publics », la direction a-t-elle renchéri à la une de son édition après que la grève qui a tourné au drame.

Selon Ndiol Makka Seck, journaliste avec qui la MFWA a parlé au téléphone, la grève était en protestation contre une gestion peu conventionnelle du quotidien par le directeur général, Yakham Mbaye à la tête de cette publication depuis octobre 2017. Les journalistes auraient également grevé à cause d’arriérés de primes de publicité, de licenciements abusifs, et des cas gabegie, entre autres.

Ndiol Makka Seck, également porte-parole du collège des délégués du personnel, ses collègues et lui n’avaient plus que l’option de grever. Ces derniers ont essayé en vain pendant plusieurs mois de saisir la saisir la direction du travail et d’autres institutions pour trouver une solution à leurs plaintes.

Ainsi, le 4 août 2022, une assemblée générale a été organisé dans le cadre de la grève au siège du journal.  Toutefois, la manifestation pacifique tourne vite au drame lorsque des officiers de la gendarmerie nationale ont débarqué de manière impromptue dans les locaux du journal et usé de gaz lacrymogène pour disperser les journalistes. Au bilan, deux journalistes évacués aux urgences et onze autres arrêtés. Selon les grévistes qui ont été relâchés finalement dans la même journée, et Ndiol Makka Seck qui est aussi porte-parole du collège des délégués du personnel, les gendarmes seraient intervenus sur ordre du directeur général.

Ndiol Makka Seck explique que l’atmosphère reste tendue plusieurs jours après que le quotidien Le Soleil a repris ses publications.

« Le directeur général ne vient plus travailler au Soleil, il travaille depuis la maison, les relations sont se dégradées entre les travailleurs et administration », nous confie-t-il.

Le Syndicat des Professionnels de l’Information et de la Communication du Sénégal (SYNPICS) a exprimé tout son soutien aux journalistes et a condamné l’incident dans un communiqué publié sur sa page Facebook.

« Ces travailleurs n’ont eu que le seul tort d’appliquer un droit internationalement reconnu, le droit de grève. Ceci en protestant contre la gestion gabegique de M. Yakham Mbaye et le mépris qu’il a toujours nourri envers les travailleurs de l’Astre de Hann, » lit-on davantage dans ledit communiqué.

L’organisation syndicale a également fait appel au président Macky Sall « pour que cette situation du quotidien national Le Soleil soit réglée au plus vite, afin que les travailleurs retrouvent leur maison et la quiétude le travail ».

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) se félicite de la reprise des publications du quotidien Le Soleil, et condamne fermement le traitement brutal, abusif ignominieux qui leur a été infligé par les membres de la gendarmerie. Bien qu’ils aient repris leurs fonctions après un plaidoyer de la part des autorités et de certains de leurs fidèles lecteurs, nous exhortons le gouvernement et les actionnaires du journal à prendre des sanctions disciplinaires contre les auteurs des violations commises à l’encontre des journalistes.

Ces journalistes, qui sont également des citoyens de l’Etat Sénégalais, ne faisaient que jouir de leurs droits fondamentaux de protestation, d’expression et d’opinion. La répression violente de ce droit en dit long sur l’environnement dans lequel ces derniers travaillent. Nous exhortons vivement le directeur du Soleil ainsi que les autorités sénégalaises à s’abstenir de violer les droits de ces citoyens et à privilégier le dialogue pour parvenir à une entente.