La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) promeut sans relâche la liberté de la presse, la liberté d’expression et la sécurité des journalistes à travers l’Afrique de l’Ouest depuis 25 ans. Pour ce faire, elle entreprend un certain nombre d’activités stratégiques dont la production de rapports analytiques par pays sur l’état de la liberté des médias en Afrique de l’Ouest. C’est dans cette optique que la MFWA, en collaboration avec l’Observatoire de la Déontologie et de l’Éthique dans les Médias (ODEM), a produit un rapport sur l’État de la Liberté de la Presse au Bénin.
Ce rapport, comme pour planter le décor, apporte tout d’abord à ses lecteurs, un bref descriptif de l’état de la liberté des médias au Bénin. Ensuite, il présente les conditions et liberté d’exercice du travail des journalistes, ainsi qu’un aperçu de l’arsenal juridique et institutionnel régissant l’espace médiatique béninois. De plus, le rapport, dans sa suite, traite des questions essentielles telles que les tendances des violations (principaux auteurs et victimes), les dispositions prises pour réparer les violences et les principales recommandations à l’endroit des parties prenantes.
Le pays dispose d’un impressionnant éventail des lois et conventions aussi bien nationales qu’internationales garantissant la liberté de la presse. Il s’agit de la Constitution de la République du Bénin, Loi Organique, code de l’information et de la Communication en République du Bénin, Code de déontologie de la presse béninoise, Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, etc.).
En dépit de la panoplie de textes légaux visant à garantir la liberté de la presse dans le pays, le paysage médiatique se trouve en proie à des problèmes de survie. Il ne compte plus que 70 radios, une centaine de titres de journaux et une quinzaine de chaines de télévisions.
Le paysage médiatique du Bénin n’est sans doute plus similaire à ce qu’il était plus de 10 ans auparavant. En effet, du fait du nouveau régime dit de la « Rupture », le quatrième pouvoir au Bénin subit, depuis 2016, une violente métamorphose qui lui impose de fortes mutations et ébranle ses fondations ainsi que l’existence même de nombreux organes de presse. La situation s’enlise, le havre de la démocratie et de la liberté de presse d’antan dans la sous-région dégringole vertigineusement en passant de la 78ème à la 114ème place en moins de 5 ans (2017-2021). Les raisons qui sous-tendent cette chute libre dans le Classement mondial de la liberté de la presse comprennent entre autres la suspension de radios et services internet, les arrestations arbitraires des figures de proue de l’opposition et des journalistes, la répression des manifestations, mais aussi la mise en application de nouvelles lois, jugées répressives à la liberté de la presse.
À juste titre, le nouveau Code du Numérique qui suscite bien de réactions chez plusieurs à cause de certaines de ses dispositions considérées répressives à la liberté des médias béninois.
Les cas de violations à l’encontre des médias et de ses acteurs deviennent répétitives et récurrentes. Les chefs ou prétextes d’accusation les plus courants sont entre autres, la diffamation et la diffusion de fausses nouvelles. Ainsi plusieurs personnes ont subi les foudres du système judicaire sans convocation ni mandat quelconque.
Le contexte sociopolitique actuel du Bénin peut s’avérer contraignant pour certains promoteurs de médias qui, s’ils ne prêtent pas allégeance au pouvoir en place, risquent d’en manquer les bonnes grâces. L’instance régulatrice, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) se prête au jeu et fini par s’éloigner de ses missions et objectifs.