Le Burkina Faso occupe un rang honorable en matière de liberté de presse selon le classement 2020 de Reporter sans Frontière, (1er en Afrique de l’Ouest francophone, 5e en Afrique et 37e au plan mondial sur 180 pays classés). La liberté de presse est le droit de tout journaliste d’utiliser le média de son choix pour exprimer son opinion ou pour informer les citoyens.
Dans le but de créer un environnement favorable à cette liberté d’expression, les gouvernements successifs Burkinabé ont adopté nombres de lois créant un cadre juridique institutionnel pour règlementer l’exercice de la liberté de presse. Ces lois ont été rythmée par les développements socio-politiques du pays de 1959 à 1991, puis de 1991 à 2014, et enfin de 2014 à aujourd’hui. Si tant est que les observations sur la liberté de la presse sont saluées, il reste que tous les indicateurs ne sont pas verts. La liberté de la presse au Burkina Faso se trouve amputée par une crise sécuritaire et sanitaire.
La crise sécuritaire : Le Burkina Faso fait depuis 2015 face à une crise sécuritaire suite à la monté des groupes terroristes au Nord. Dans la lutte anti-terroriste, la liberté de la presse est davantage ébranlée dans un contexte d’insécurité. Dans les régions durement éprouvées, il est difficile voire, impossible pour les journalistes de rejoindre les sources d’information. Leur présence physique sur le théâtre des opérations est impossible. Des radios communautaires, des journalistes et animateurs des régions du Sahel et de l’Est du pays ont déjà été victimes de violences terroristes, contraignant certains à la démission ou à la reconversion professionnelle. Les sources d’informations sur le terrain (les journalistes citoyens) ont été tuées par les terroristes quand ils ont découvert que ces journalistes travaillent pour des médias basés à Ouagadougou. De plus, l’intimidation et la menace de mort par balles réelles ont été récurrentes.
Au plan juridique, des dispositions introduites dans le code pénal en juin 2019 (loi 044-2019/AN portant modification de la loi 025-2018/AN) ne facilitent pas le traitement de l’information sécuritaire. Les dispositions punissent d’une peine d’emprisonnement d’un an à dix ans et d’une amende de trois cent mille (300 000) francs CFA à deux millions (2 000 000) de francs CFA, quiconque, en temps de paix, participe en connaissance de cause, par quelque moyen que ce soit, à une entreprise de démoralisation des Forces de défense et de sécurité (FDS) (Article 312-11).
La crise Sanitaire de COVID-19 : Dès l’apparition de la COVID-19 au Burkina, le gouvernement a adopté une batterie de mesures législative pour limiter sa propagation. Si l’adoption de ces mesures a plus ou moins permis de contenir la propagation de la pandémie, elles ont, a contrario, constitué un obstacle à l’accès à l’information journalistique. Les textes spécifiques régissant le secteur de la santé, comme celui consacrant le secret médical, ont davantage rendu difficile l’accès à l’information par les journalistes.
La pandémie de COVID-19 a également entrainé un effondrement des modèles économiques des entreprises médiatiques, mettant à mal la liberté de la presse. La suspension des activités promotionnelles et tout a trait à l’évènementiel a engendré un manque à gagner important. Des journalistes ont vu leur salaire diminué du fait de la baisse des recettes. Au regard de ce qui précède, l’on peut affirmer que la liberté de la presse s’exerce difficilement.
Les défis rencontrés par les médias dans l’exercice de la liberté de la presse au Burkina sont l’objet du rapport sur l’état de la liberté de la presse au Burkina Faso en 2020. Le présent rapport est le résultat d’une collaboration entre la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) et son partenaire national, le Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ). Il se veut une synthèse sur la liberté de la presse et revisite les lois, les politiques et institutions régissant les médias, analyse les interrelations entre liberté de la presse et sécurité des journalistes en 2020 au Burkina Faso.
Vous pouvez lire la version complète du rapport ici.