La République du Mali connait depuis le début de la deuxième décennie du 21eme siècle un paysage sociopolitique et sécuritaire difficile. L’occupation des régions du Nord par des irrédentistes et des extrémistes religieux, l’instabilité sécuritaire sans cesse aggravée par les attaques des groupes armés, notamment les groupes djihadistes, les groupes de bandits armés et les groupes communautaires d’autodéfense, en particulier dans les zones frontalières avec l’Algérie, le Burkina Faso et le Niger, et le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012, ont précipité le pays dans un chaos politico-institutionnel. Malgré un retour des civiles au pouvoir en 2013, de grands bouleversements sociopolitiques, consécutifs à une crise postélectorale, des revendications sociales et la pandémie de la COVID-19 ont conduit le pays en 2020 a deux coups d’état instaurant ainsi une junte militaire au pouvoir. Depuis donc Août 2020, le Mali est en transition politique, un contexte pas toujours favorable à la liberté de presse.
Formellement ; les professionnels des médias jouissent des libertés de presse et d’expression grâce à l’arsenal juridique dont s’est doté le Mali pour réguler les activités de la presse. Mais sur le terrain, les journalistes maliens ne se sentent pas réellement en sécurité. Les professionnels des médias maliens dénoncent l’accentuation des menaces et autres violences.
Intimidations juridiques : Courant 2020, certains journalistes Maliens notent un « recul » de la liberté de presse car ils font souvent face à des menaces de tout genre avec des interpellations au niveau des Brigades d’Investigations Judiciaires, et des tentatives de disparition forcée. Bien que les atteintes à l’encontre des journalistes aient diminué en général dans le pays, la liberté de presse demeure fragile.
Violences au nom du maintien d’ordre : Face aux reporters, des agents de maintiens de l’ordre ont souvent commis des abus sous prétexte de maintenir l’ordre. Ainsi des journalistes ont été brutalisés, leurs matériels de travail et moyens de locomotion saisis par les policiers et agents de la protection civile au cours des manifestations pour les revendications sociales.
Marginalisation des Médias lors des concertations nationales : Pendant les concertations nationales de septembre 2020 organisé par la Junte au Pouvoir ; la presse malienne a été mise à l’écart, seulement 4 cartons d’invitation ont été adressés aux faitières. Très peu de journalistes ont été accrédités pour prendre part aux travaux de ces assises. Au cours des débats, parmi les principales questions soumises, nulle part la presse n’a été évoquée.
Les professionnels des médias maliens qualifient cette situation de marginalisation de la part du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), organe chargé de l’organisation de ses assises. Résultats des courses, la carte de presse n’est pas le sésame. Certains journalistes ont donc été molestés.
Le Conseil national de transition (CNT) faisant office de législateur est composé de 121 membres dont 2 représentants des médias sur les 4 sièges prévus pour les professionnels de l’information et de la communication.
La synthèse des défis et avancés enregistrés par les médias dans l’exercice de la liberté de la presse au Mali sont l’objet du rapport sur l’état de la liberté de presse au Mali en 2020. Le présent rapport est le résultat d’une collaboration entre la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) et son partenaire national, la Maison de la presse du Mali. Il se veut une synthèse sur la liberté de la presse et revisite les lois, les politiques et institutions régissant les médias, analyse les interrelations entre liberté de la presse et la sécurité des journalistes dans un contexte sociopolitique en constante ébullition au Mali courant 2020.
Vous pouvez lire la version complète du rapport ici.