Le 28 Mars 2014, les Juges à la Cour Africaine sur les Droits de l’Homme et des Peuples basée à Arusha ont finalement démantelé les murs fortifiés de l’impunité qui se tenaient sur le chemin de la justice pour une veuve et sa famille pendant les 15 dernières années. C’était le jour de la victoire pour Geneviève Zongo, l’épouse du célèbre journaliste défunt, Norbert Zongo.
Le lieu était la Salle Kibo du Centre du Conservatoire de Julius Nyerere, qui a servi de siège d’ACHPR. Les Law Lords ont rendu un verdict majeur en mettant fin à une plainte déposée par Geneviève et le palais de la justice a résonné en chœur harmonieux de trois mots “justice en fin” qui sont venu de Geneviève en sanglots et des membres de la famille qui ont enduré les peines d’un palpable déni de justice pendant une décennie et demi.
L’affaire remonte en 1998 quand Zongo, une icône de journaliste d’investigation et Directeur de la presse hebdomadaire l’Indépendant a été horriblement assassiné avec trois autres. Les autres trois étaient Abdoulaye Nikiema, Blaise Iboudo et Ernest Zongo. Leurs corps carbonisés étaient retrouvés dans un véhicule qui les transportait à quelques kilomètres de Sapouy, au sud du Burkina Faso.
A l’époque de l’assassinat, Zongo était considéré comme investiguant un cas sérieux de corruption impliquant le frère du Président du Burkina Faso, Blaise Campore. Les enquêtes ultérieures sur l’assassinat ont conduit à la mise en cause d’un membre de la garde présidentielle, Marcel Kafando comme ayant une implication dans l’assassinat des quatre.
Au milieu de 2006, les charges proférées contre la garde présidentielle étaient rejetées par une cour de justice de la capitale, Ouagadougou. En Août de la même année, une Cour d’Appel maintient le rejet des charges contre la garde présidentielle, à la grande déception des membres de la famille du défunt.
Après plusieurs années prolongées et de tentatives infructueuses pour que la justice soit rendue dans les tribunaux nationaux de Ouagadougou, Madame Zongo a déposé plainte devant l’ACHPR en 2011.Elle a été appuyée dans ce cas par une équipe multinationale d’avocats des droits humains du Burkina Faso, Sénégal, Tanzanie et du Nigéria.
Le chemin à la justice a été long et difficile. Cela a impliqué de longue traversée de vaste étendue des eaux de tempêtes d’impunité et de constantes menaces à la sécurité personnelle mais madame Zongo était prête à affronter la tempête pour aller à l’ile de la justice. La bataille contre l’impunité veut dire aller des tribunaux nationaux d’Ouagadougou en Afrique de l’Ouest à la Haute Cour du continent en Afrique de l’Est. Cependant, Mme Zongo était prête et a pris des vols au-dessus du Kilimandjaro plusieurs fois pour aller en Tanzanie pour combattre ce à quoi elle a droit- la justice.
A Arusha, ce n’était pas une bataille légale incontestée. Le Burkina Faso était pleinement représenté à la Cours par une équipe d’avocats d’Etat prête et dévouée à combattre contre la justice.
Dans leurs plaintes devant la plus haute Cour du continent, l’équipe légale de Mme Zongo a démontré que Norbert Zongo et ses compagnons étaient assassinés en 1998 mais ceux responsables du crime odieux n’ont pas été identifiés et aucune justice n’a été rendue aux victimes et à leurs familles. Mais les avocats de l’Etat ont rejeté les plaintes des plaignants, en envoyant leur premier coup de point légal.
Le premier argument des avocats d’Etat était que “la Cour Africaine, seulement établie pleinement en 2005, ne peux pas recevoir un cas de plainte à propos d’une tuerie qui s’est passée en 1998. La cour a sagement rejeté l’objection, poursuivant que l’échec de rechercher et de retrouver en toute diligence les tueurs, si vrai, était toujours en cours, ce qui n’est pas encore terminé.” reportait la presse the Guardian du Nigeria.
Tel que reporté par la presse Guardian, les avocats d’Etat pour le Burkina Faso continuait de lancer d’autres missiles légales dans la tentative d’éteindre la tornade enflammée de faits des plaignants mais sans succès.
Après avoir souffert la première élimination technique de la part de la Cour, les avocats de l’Etat ont poursuivi à tirer leur seconde et apparemment leur arme la plus fatale qui a eu quelques liens avec les Etats Unis. Ceci était que :”le Burkina Faso ne peut pas être tenu responsable pour avoir échoué à trouver les auteurs de la mort du journaliste défunt’’. Après tout, personne n’a tenu les Etats Unis d’Amérique- le pays le plus puissant au monde- responsable d’avoir échoué à trouver les auteurs d’assassinat de John F. Kennedy.”Mais ceci aussi a été repoussé par la Cour lorsque les Law Lords ont carrément rejeté l’argument.
Soutien massif pour la liberté d’expression et la justice internationale
La décision de la très haute Cour de l’Afrique représente non seulement la justice pour les familles de Norbert Zongo et ses collègues, mais offre aussi un soutien massif pour la liberté de presse et la liberté d’expression sur le continent. De façon significative aussi, le verdict accentue sur le rôle indispensable des mécanismes de la justice.
A titre d’exemple, la Cour a explicitement retenu que “l’échec d’un gouvernement à rechercher avec diligence et à saisir pour le compte des personnes responsables d’assassinat d’un journaliste, intimide les médias, a un effet dissuasif sur la liberté d’expression, viole les droits humains des journalistes, met en danger la vérité et ne doit pas être permis.”
Une telle profonde déclaration de la part de la Cours donne de l’espoir et de l’incitation pour un plaidoyer à succès pour la liberté d’expression et de la presse, qui sont garanties par les instruments régionaux et internationaux. La décision va aussi, nous l’espérons envoyer un signal fort aux gouvernements qui approuvent, orchestrent ou commettent les violations de liberté d’expression, qu’ils feront face finalement à la justice.
Gouvernement et supporteurs de gouvernements qui agressent les journalistes et les autres défenseurs doivent aussi savoir qu’ils peuvent trouver seulement une consolation temporelle auprès des cours de justice nationales non-indépendantes et contrôlées par le gouvernement, mais finalement la justice les attend à l’ACHPR, la Cour Internationale Criminelle(ICC) et autres institutions de justice internationale. C’est pourquoi les institutions comme l’ICC demeurent incontournables pour la justice et la paix en Afrique.
Félicitations, Mme Zongo, pour votre détermination et votre combat bien mené !
Sulemana Braimah
Directeur Exécutif
MFWA