L’Union des Journalistes et Techniciens des Médias débute a l’année 2021 avec des inquiétudes sur les limites imposées à l’exercice du journalisme. Il y a évidence de faits qui prouvent que le pays et ses responsables sont déterminés à saper la liberté de la presse avec l’appuis de certaines personnes de la classe politique.
En janvier, un groupe de journalistes et techniciens a organisé un match de football dénommé Tournoi de l’Unité National entre l’équipe du gouvernement, Assemblée national populaire et la Présidence de la République.
Le journaliste de la télévision nationale, désigné pour faire la couverture de l’événement, a été suspendu le jour suivant le match, suite à une injonction directe sous prétexte que Baducaram Imbemque, ledit journaliste, n’a pas interviewé le Président de la République qui était l’arbitre du match entre les deux équipes. Le journaliste s’est entretenu avec le président de l’Assemblée Cipriano Cassamá, qui était le capitaine de l’équipe de l’Assemblée, ainsi qu’avec le Premier-Ministre Nuno Na Bian, qui était également capitaine de l’équipe du gouvernement.
Sa suspension a été décidé par le Directeur de la télévision Amadou Djamanca sans préavis, le dimanche, soit un jour après le match. La communication a été faite par le chef de rédaction Bubacar Djaló.
Après cette décision, le SINJOTECS s’est informé et réuni avec le Directeur Général de la télévision, puis s’est prononcé à travers un communiqué de presse condamnant l’attitude d’Amadu Djamanca. Le SINJOTECS a insisté dans son communiqué que la décision révèle « la précipitation, la force du pouvoir sur le Directeur de la télévision et le signal d’un frein à liberté de la profession » et qu’il devrait plutôt «promouvoir le professionnalisme et pluralisme d’informations à la télévision».
Lorsque le journaliste Baducaram Imbenque est retourné au travail, le Directeur-Général de la télévision lui a présenté le communiqué de presse du SINJOTECS et l’a obligé à se prononcer contre les faits évoqués, sous menace de cessation de son contrat de prestation de service et d’être en marge du processus de légalisation. Baducaram Imbenque a vivement manifesté sa fierté d’être au sein SINJOTECS.
Quelques jours après, Baducaram Imbenque a reçu de la Direction des Ressources Humaines la note de cessation de contrat et se trouve donc à la maison sans travail depuis le 1er mars.
Le SINJOTECS, faisant diligences, a fourni tous les efforts de plaidoyer auprès du Secrétaire d’État des Médias, Conco Turé, du Coordinateur du Mouvement de l’Alternance Démocratique – MADEM G-15 sans succès.
Le SINJOTECS a présenté cette situation au Premier-Ministre lors d’une réunion du Conseil du Concertation Sociale. Une nouvelle rencontre sur ce genre de situations devrait avoir lieu le mardi prochain avec Premier-Ministre de Guinée-Bissau.
Le Président de la République, Umaro Sissoco Embaló, a également a proféré des menaces contre la presse dans un bilan de la première année de son mandat, le 27 Février. Sissoco Embaló a dit qu’il fermera toutes les stations de radio qui n’ont pas d’autorisation définitive de fonctionnement. Dans la loi de Presse en Guinée-Bissau, cette autorisation est provisoire et renouvelable annuellement moyennant un coût.
Umaro Sissoco Embaló a aussi attaqué verbalement des journalistes, les a traités de “Bouches à louer” et a questionné les compétences et capacités de deux journalistes modérateurs du deuxième tour des élections présidentielles entre lui et Domingos Simões Pereira.
Le SINJOTECS condamne les dires du Président de la République.
En Février, des étudiants ont organisé une manifestation contre la suspension temporaire des écoles de Bissau en vue de prévenir la propagation du Coronavirus. Au cours de la manifestation réprimée par les forces de l’ordre, un jeune journaliste qui a fait la couverture a été physiquement et verbalement agressé par la police. Son portable et son enregistreur ont été détruit par la police. Puis, il a été détenu pendant quelques heures avant d’être libérés suite aux manifestations, à l’intervention du SINJOTECS et d’un collègue journaliste du Cabinet du Ministre de l’Intérieur.
Le SINJOTECS a demandé au Ministre, par le biais d’un communiqué, de rembourser les outils endommagés, mais sans succès.
La situation est délicate et s’enlise de jour en jour. Il y a l’intention du pouvoir qui rend difficile l’exercice du journalisme dans le Pays. Ainsi on note, l’intention de fermer les radios privées qui, jusqu’à présent, ont permis la participation du public dans l’expression de son opinion publiquement. Avec l’appui financier du Ministre de l’Intérieur et du Président de la République, la création d’une organisation rivale est prévue pour limiter toutes les actions du SINJOTECS. La mission principale, ici, est de contrarier toutes les missions du SINJOTECS.
Nous pensons que nos différentes organisations doivent intervenir pour prévenir les futures attaques contre les médias et la liberté de la presse en Guinée-Bissau.
Bissau, le 07 de mars 2021
Indira Correia Baldé
Présidente du SINJOTECS