Alors que le monde célèbre la Journée de la liberté de la presse le 3 mai 2022, le Center for Media Studies and Peace Building a souligné la signification de cette journée pour les défis auxquels les journalistes continuent d’être confrontés dans leur travail.
Le CEMESP souligne tout particulièrement les défis auxquels les journalistes libériens continuent de faire face avec des cas d’attaques perpétrées à leur encontre durant la période précédant les célébrations.
Il souligne également les progrès accomplis au Liberia avec l’adoption de la loi Kamara Abdullah Kamara sur la liberté de la presse en février 2019.
Une déclaration du CEMESP sur la Journée mondiale de la liberté de la presse, publiée lundi à Monrovia, souligne que la décriminalisation de la parole par le gouvernement n’a pas été très utile pour contre-carrer certaines actions anti-médias menées par des acteurs étatiques et non-étatiques.
Le communiqué cite le directeur exécutif du CEMESP, Malcolm Joseph, qui déclare que le refus persistant du gouvernement d’autoriser Punch FM à opérer, la décision du gouvernement d’empêcher certains radiodiffuseurs d’accueillir un critique du gouvernement sur leurs stations de radio, et l’incapacité de l’État à demander des comptes aux auteurs des attaques contre les journalistes et les médias sont autant de lacunes que le gouvernement doit s’engager à combler au cours de l’année à venir.
Le CEMESP mentionne que le suivi des actions violentes et autres actions extrajudiciaires contre les journalistes libériens en 2021 a révélé que les agressions physiques représentaient 47% de ces violations, soit une augmentation de 14% par rapport à 2020.
Le suivi a également révélé que les violations impliquant des menaces et entraînant la destruction de biens appartenant à des journalistes constituaient 23% des violations contre les journalistes dans le pays en 2021.
L’année 2021 a également été marquée par une augmentation des poursuites abusives ou des menaces de poursuites à l’encontre des journalistes. Ces poursuites frivoles représentaient 18% des violations contre les journalistes et les organisations médiatiques. Par rapport à 2020, cela représente une augmentation de 13%.
Les données sur les poursuites injustifiées contre les journalistes confirment le rapport 2020 du Département d’État américain sur les droits de l’homme qui notait que les poursuites pour diffamation sont utilisées comme un moyen de contraindre les médias libériens à l’autocensure.
Comme ce fut le cas en 2020, le suivi du CEMESP a révélé que les partisans des partis politiques ou les politiciens eux-mêmes demeurent la principale source de violence.
Ceux-ci représentaient 42 % de toutes les violations. Les partisans du parti au pouvoir ont été les auteurs de 18 % de ces violations, tandis que 12 % d’entre elles ont été perpétrées par l’opposition. Les fonctionnaires du gouvernement et les agents de sécurité ont chacun été à l’origine de 23% des violations contre les journalistes.
L’institution de développement des médias appelle les journalistes libériens à adhérer strictement à l’éthique et le professionnalisme, alors qu’ils se joignent à leurs homologues du monde entier pour célébrer cette journée.
Dans le même temps, le Center for Media Studies and Peacebuilding appelle les responsables et les partenaires du développement qui ont un rôle à jouer dans la promotion de la sécurité des médias à considérer comme étant une partie intégrante les idéaux de protection du droit à défendre l’État de droit, la redevabilité et la bonne gouvernance, la promotion des droits des femmes et des enfants et le plaidoyer pour un environnement plus sûr et une paix durable.
Selon le CEMESP, ce n’est pas le moment de chercher a qui revient la faute mais d’accepter que nous devions faire plus en tant que nation pour protéger la liberté des médias. Lorsque les journalistes peuvent faire leur travail en toute sécurité, cela donne l’assurance que la bonne gouvernance est en plein essor.
Le CEMESP profite donc de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse de cette année pour plaider en faveur de la sécurité des journalistes à l’approche des élections générales de 2023, au cours desquelles davantage de journalistes seront exposés et vulnérables aux attaques et aux menaces, comme les rapports de recherche peuvent en témoigner dans ce pays.
Vive la solidarité mondiale des médias et la paix dans le monde ; vive les médias libériens.