Fajara, Gambie, le 2 novembre 2022 : À l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes que nous célébrons aujourd’hui.
La Gambia Press Union se joint aux appels lancés par la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et 600 000 professionnels des médias issus de 187 syndicats et associations dans plus de 140 pays du monde, pour exhorter les gouvernements, les journalistes et les groupes de médias à soutenir l’adoption d’une Convention des Nations Unies sur la sécurité et l’indépendance des journalistes et autres professionnels des médias.
Afin de « briser le cycle de l’impunité », la Gambia Press Union (GPU) estime qu’il est nécessaire de mettre en œuvre davantage de garde-fous et de garanties au-delà du Plan d’action des Nations Unies sur la Sécurité des Journalistes et la Question de l’Impunité, qui, selon la FIJ, n’a pas été en mesure de créer « l’environnement libre et sûr pour les journalistes et les professionnels des médias » qu’il a promis.
En Gambie et partout ailleurs, les journalistes continuent d’être harcelés, agressés physiquement et verbalement, battus, arrêtés, détenus, menacés et tués pour avoir fait leur travail.
Les attaques contre les journalistes en ligne, notamment le piratage et les tentatives de prise de contrôle des comptes de médias sociaux ainsi que des courriels des journalistes et des organisations de médias, le cyber harcèlement et la surveillance menacent également la sécurité numérique et physique des journalistes.
Il est donc d’autant plus urgent que les Nations Unies adoptent une convention sur la sécurité et l’indépendance des journalistes et autres professionnels des médias, soit, un instrument qui obligerait les gouvernements à lutter contre l’impunité des violences sur les journalistes et le personnel des médias.
En Gambie, l’incapacité à traduire en justice les auteurs de crimes contre les journalistes a, pendant plusieurs décennies, créé un cycle de violence contre les journalistes.
« Les victimes des graves crimes commis contre les journalistes à l’époque de la dictature, sous forme d’assassinats, de disparitions forcées et de torture, n’ont toujours pas obtenu justice », a déclaré le président de la GPU, Muhammed S. Bah. « De même, les promesses de renforcement des libertés, de protection des journalistes et de réformes du droit des médias n’ont toujours pas été tenues, six ans après la dictature ».
Au cours des cinq dernières années, plus de 15 incidents d’agression physique contre des journalistes et des professionnels des médias ont eu lieu. Toutes ces attaques ont été perpétrées soit par la police, soit par des politiciens, y compris des partisans du président et de l’opposition.
À ce jour, pas un seul auteur n’a été poursuivi pour ces crimes commis contre des journalistes en Gambie.
« Nous demandons au gouvernement de renouveler son engagement en faveur de la liberté de la presse et de la liberté d’expression et de veiller à ce que les journalistes bénéficient d’un environnement plus sûr pour faire leur travail sans intimidation ni attaque », a déclaré le secrétaire général de la GPU, Modou S. Joof. « Pour lutter contre l’impunité des crimes contre les journalistes, il faut que justice soit rendue, et cela ne peut être obtenu si les auteurs ne sont pas tenus responsables de leurs actes, ce qui a été le cas en Gambie au cours des 28 dernières années ».
La GPU exhorte les partis politiques à assumer leurs responsabilités en matière de protection et de sécurité des journalistes qui couvrent leurs événements, tels que les conférences de presse et les rassemblements politiques, et à empêcher leurs partisans d’assister aux conférences de presse, créant ainsi une atmosphère d’intimidation et possibilité d’agression physique et verbale.