Communiqué de Gambia Press Union (GPU)

Chers Collègues,

La Gambia Press Union a suivi avec un intérêt particulier la situation de la liberté de la presse dans le pays durant l’élection présidentielle de 2016. Avant toutes choses, nous félicitons la Commission Electorale Indépendante (CEI)  et le Ministère de l’Information et des Infrastructures de la Communication pour la facilité relative avec laquelle les accréditations ont été accordées à la fois à la presse nationale et internationale.

Nous saluons également la CEI pour avoir pris le pas sur la GRTS en offrant la possibilité d’une couverture juste et équilibrée à tous les partis politiques durant la période officielle de la campagne. Les journaux privés, Teranga FM Radio, et Eye Africa TV, ont tous fait une couverture remarquable des élections et méritent d’être reconnus et félicités. Merci à vous, collègues de la presse internationale, d’être venus à Banjul dans le but de permettre aux Gambiens de faire entendre la voix des électeurs gambiens. Nous voudrions aussi remercier le PNUD pour son soutien financier à nos programmes de formations de reportage sur les élections. Plus de mille journalistes ont été formés par le GPU lors des campagnes électorales. Cependant, avant les élections, les journalistes ont fait face à des menaces, des arrestations et détention aussi bien que des restrictions injustifiées d’accès à l’information par l’Etat.

Le 8 Novembre, le Directeur Général de la GRTS, Momodou Sabally a été relevé de ses fonctions. Il en est de même de M. Bakary Fatty, l’un de ses reporters, M. Sabally a été par la suite arrêté et détenu par le Service Nationale de Renseignement. Il a été détenu pendant SEIZE jours, avant d’être inculpé par le tribunal. M. Fatty, par contre est gardé détenu, sans que sa famille et les avocats aient possibilité d’accès à lui. Le Jeudi 10 Novembre, Alhajie Manka, un photojournaliste indépendant et Yunus Salieu, un reporter du journal Daily Observer ont été arrêtés et détenus pour avoir pris des photos des sympathisants du président Jammeh durant la désignation des candidats présidentiable à la CEI. Yunus a été relâché un jour plus tard, le Vendredi. Alhagie Manka a passé SEPT JOURS en détention à la NIA (Service National de Renseignement). Il a été soumis à de longues séances interrogatoires. Les deux ont été relâchés sans qu’aucune charge ne soit portée contre eux.

Dans la soirée du 30 Novembre 2016, le gouvernement a fermé l’accès aux connections internet, restreint les appels internationaux et les services de SMS. Bien que les services ont été restaurés le 2 Décembre, les journalistes qui au cours de ce 21ème siècle dépendent surtout de la connexion internet, ont été frustrés pendant deux nuits et une journée. Le lundi, 11 Décembre, deux reporters d’Al Jazeera ont été déportés du pays.

L’Union de la Presse Gambienne par la présente condamne, avec la plus grande fermeté, l’arrestation et la détention de ces professionnels du media. Nous condamnons en plus le blocage de l’internet, les appels internationaux et les services de SMS. A cet effet, nous lançons un appel au gouvernement de retirer toutes charges qui pèsent contre Momodou Sabally et de mettre fin à sa poursuite judiciaire. Nous appelons pour la libération immédiate de M. Bakary Fatty, qui est en détention depuis un mois et six jours à la date d’aujourd’hui. Nous appelons le gouvernement à respecter la résolution du Conseil des Nations Unies pour les Droits de l’Homme sur la promotion, la protection et la jouissance des droits à l’internet; de retirer le blocage imposé sur l’accès à WhatsApp et Skype et de s’abstenir de toute autres formes d’interférence avec le service d’accès à l’internet. De plus, nous condamnons la déportation des journalistes d’Al Jazeera et demandons la révision des procédures d’accréditation des médias qui donnent un grand pouvoir aux autorités d’Etat de sélectionner à qui accorder ou refuser l’accréditation des médias.

Chers collègues, La Gambia Press Union est profondément consternée par l’incertitude politique actuelle qui a été provoquée par la triste et regrettable volte-face du Président Yahya Jammeh sur les résultats les élections présidentielles du 1er Janvier. Nous sommes conscients des risques et des défis que représente l’environnement politique actuel pour la liberté de la presse. Par conséquent, nous interpelons les deux côtés du clivage politique à donner leur pleine collaboration aux medias et à respecter les valeurs de la liberté d’expression. Nous exhortons les agents de sécurité à assurer la protection des journalistes.

Aussi, nous appelons les journalistes à faire montre du professionnalisme dans l’exercice de leurs fonctions. Nous vous prions également de faire preuve d’efficacité et de courage. Nous vivons des moments cruciaux. Notre peuple, notre pays ont besoin de nous plus que jamais. Assurons une couverture compréhensive des éléments au fur et à mesure qu’ils s’évoluent. Informons adéquatement nos audiences diverses et surveillons les détenteurs des droits.

Ce qui est plus important, je voudrais vous rappeler votre obligation d’ouvrir un espace pour le dialogue dans le but de forger un consensus vers une sortie de cette crise potentiellement destabilatrice. La chaine publique, Gambia Radio and Television Service (GTRS), qui a malheureusement cessé d’émettre des vues divergentes dès la volte-face du Président Jammeh, est particulièrement exhortée à jouer un rôle capital afin de dénouer l’imbroglio.

En tant qu’organisation qui représente les intérêts des journalistes et qui lutte pour la promotion et la défense de la liberté de la presse et d’expression, nous nous sentons obligées de prendre une position sur la crise actuelle parce que la liberté de la presse se construit sur la démocratie, la paix et la stabilité. A cet égards, nous appelons le Président Yahya Jammeh, qui avait plus tôt reconnu les résultats des présidentielles, à assurer un transfert sans heurts de pouvoir, dans l’intérêt de la paix, la stabilité et le progrès.

Cela, à votre avis, est la démarche à suivre pour renforcer notre démocratie afin d’assurer la paix durable et la stabilité. Nous sommes très enthousiastes à la perspective sans précédent d’une passation démocratique de pouvoir après CINQUANTE-CINQ années d’Indépendance. Notre démocratie n’a que trop tardé pour attendre cette étape vraiment historique. Le peuple s’est exprimé. Les présidentielles étaient ténues en toute transparence, comme il l’était témoigné par les observateurs, y compris la coalition des OSC. La victoire était claire. Le vainqueur a été déclaré. La défaite a été reconnue. Il n’est donc pas possible de faire marche arrière.

Nous avons donc pris parti en faveur de la démocratie. Nous sommes préjugés envers des opportunités pour une liberté de la presse. En tant que le quatrième pouvoir, nous sommes partiaux envers le verdict du peuple gambien. Nous saluons Gambia Bar Association, Female Lawyers Association, Gambia Teachers Union, TANGO, National Youth Parliament, Medical and Dental Association pour les positions qu’ils ont prises sur la crise. Nous affirmons notre volonté de collaborer avec une coalition de la société civile en vue d’une transition non violente.

Merci à tous,

Emil Touray, Président de GPU

 

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