Nigeria: Journaliste Renvoyée de la Salle d’Audience par un Juge

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Un juge de la cour des magistrats de Igbosere à Lagos, H.O. Amos, a renvoyé une reporter du journal Vanguard, Onozure Dania, le 5 Mars 2017, de la salle d’audience du tribunal lorsqu’elle s’y était rendue sans autorisation préalable pour couvrir le procès que le juge était en train de présider.

Le juge a aussi insisté qu’il doit vérifier la rédaction manuscrite de la journaliste avant que cela ne soit publiée.

Onosure Dania est allée à la Cour des Magistrats pour couvrir un cas dans lequel la défense recherchait à retirer sa caution pour l’accusé. Lors de l’audience, le greffier de la séance a informé le juge de la présence du journaliste. Amos, qui a la réputation d’interdire aux médias l’accès à sa salle d’audience, a brusquement arrêté l’audience et a demandé à la journaliste de se présenter.

Après qu’Onozure ait mentionné son nom et sa profession de journaliste, le juge l’a demandé de déclarer son intérêt dans le cas d’audience en cours. Onozure a répondu en ces termes :

«Je n’ai aucun intérêt dans l’affaire. Je couvre les audiences au tribunal, voilà la raison de ma présence ici ».

Le juge a poursuivi en demandant à Onuzure d’obtenir une autorisation de sa part avant d’entrer dans la salle d’audience.

«Je n’ai pas besoin d’autorisation, puisque l’audience est ouvert public. Je couvre les audiences même au niveau des hautes instances juridictionnelles, et l’on ne m’a jamais demandé d’obtenir aucune autorisation préalable.»

Le juge a ajouté donc: «Si tu veux écrire n’importe quoi de cette audience, je dois vérifier cela avant que ça ne soit publié». Lorsqu’Onozure a protesté contre cette exigence, le juge a ordonné qu’elle soit mise hors de la salle d’audience.

Il y a à peu près un an, le 8 Février 2016, le même juge avait ordonné à un groupe de journalistes de sortir de la salle d’audience et a demandé qu’ils se présentent avec une autorisation écrite avant d’avoir accès à la salle d’audience pour couvrir les procédures.

Les journalistes font face souvent à des hostilités de la part des personnels de la justice et des personnes impliquées dans les différends au niveau des tribunaux de justice. Ils sont quelquefois agressés pour le simple fait qu’ils remplissent leurs devoirs. Le 10 janvier 2017, par exemple, les agents de sécurité en poste à la Haute Cour de Justice d’Abuja ont refusé l’accès à un groupe de journalistes à la salle d’audience, ce qui a conduit à de vives et bruyantes protestations. Lorsque les journalistes ont été éventuellement autorisés à accéder à la salle d’audience, ils ne pouvaient suivre l’audience qu’en se tenant derrière un rideau.

La MFWA trouve malencontreux ce dernier fait du juge Amos d’imposer une censure sur les reportages sur les procédures, et félicite la journaliste Onazure pour son courage en rejetant l’imposition du juge.

Nous exhortons les autorités judiciaires au Nigeria de rappeler à l’ordre les agents de la sécurité, les employés de la cour, les greffiers et les juges qui harcellent les journalistes au niveau des différents tribunaux lorsqu’ils sont en train d’accomplir leur travail. Nous croyons qu’en mettant en place un corps de presse juridique  et en lui désignant un espace spécifique au sein des salles d’audience des tribunaux, cela aidera énormément à éviter les tensions.