La National Population Commission (NPC) du Nigeria a numérisé la délivrance des actes de naissance, mettant ainsi fin à des années de travail manuel. Une directive à cet effet est entrée en vigueur en février 2024. La migration vers une plateforme numérique nationale vise notamment à réduire l’interface humaine et les irrégularités liées au processus manuel.
Au bureau du NPC à Abuja, situé au 17 Lingu Crescent, Wuse 2, une copie d’un avis communiquant la directive est affichée bien en vue sur le portail avec l’inscription “Please, all applicant(s) for birth attestation should log in the below website for application : nationalpopulation.gov.ng,” (S’il vous plaît, tous les demandeurs d’attestation de naissance doivent se connecter au site web ci-dessous pour déposer leur demande : nationalpopulation.gov.ng,).
Il s’agit d’un progrès important, car cette directive du NPC a été provoquée par un article publié à la suite d’une enquête clandestine menée dans le même bureau d’Abuja par un boursier du programme de bourse de journalisme sur les infrastructures publiques numériques (DPI) récemment organisé par la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA).
« Nous nous sommes rendu compte que certains fonctionnaires du NPC profitaient de la ruée pour obtenir des actes de naissance pour extorquer de l’argent à des membres du public qui ne se doutaient de rien. Nous avons fait un premier article à ce sujet, mais ils ont nié les faits. Nous avons donc décidé d’agir sous couverture”, explique Ameh Ejekwonyilo, membre de la bourse de journalisme sur les infrastructures publiques numériques de la MFWA.
Ameh est journaliste à Premium Times, l’un des principaux sites d’information d’investigation en ligne du Nigeria. Le 24 février 2024, le média a publié un article intitulé : INVESTIGATION : NPC officials devise new extortion strategy after Premium Times report (Enquête : des fonctionnaires du NPC conçoivent une nouvelle stratégie d’extorsion après un rapport de Premium Times).
L’article exposait les pratiques d’extorsion de certains fonctionnaires de la NPC au sein du bureau d’Abuja, qui profitaient de la ruée pour obtenir de nouveaux actes de naissance pour soutirer de l’argent aux personnes désireuses d’obtenir des actes.
À la suite de cette révélation, la NPC a fermé le bureau d’Abuja et annoncé la migration totale de l’acquisition et du traitement des actes de naissance vers la plateforme numérique fédérale officielle – Nationalpopulation.gov.ng.
Un article issu de la bourse sur les IPN
Cet article est l’un des six qu’Ameh devait publier dans le cadre des résultats attendus de sa participation à la bourse de journalisme sur les IPN de la MFWA. Organisée à Accra, au Ghana, de septembre 2023 à décembre 2023 (avec des activités post-bourse jusqu’en mars 2024), la bourse a été financée par Co-Develop, un fonds mondial à but non lucratif qui vise à accélérer l’adoption d’infrastructures numériques publiques sûres et inclusives, à grande échelle.
La bourse avait pour but d’inculquer une culture de journalisme critique et approfondi sur l’adoption d’infrastructures publiques numériques (IPN) et de biens publics numériques (BPN) comme moyens de prestation de services publics par les gouvernements africains.
Nouvelles compétences, nouvel intérêt
Selon M. Ameh, les compétences qu’il a acquises dans le cadre de la bourse l’ont aidé à développer un sens aigu de l’actualité et un intérêt pour les questions liées aux IPN et aux BPN.
« Jusqu’à ce que je participe à la bourse de journalisme sur les IPN, en septembre de l’année dernière, je n’avais pas vraiment conscience de l’ampleur des déficits de l’infrastructure publique numérique du Nigeria. Par conséquent, l’opportunité qui m’a été donnée par MFWA et Co-develop d’améliorer mes connaissances journalistiques en matière d’information sur les IPN et les BPN est quelque chose que je chérirai à jamais ».
Dans une note de remerciement à la MFWA, Ameh a ajouté : « À ma modeste manière, je veux m’engager à promouvoir la sensibilisation aux IPN et aux BPN au Nigeria et dans toute la sous-région de l’Afrique de l’Ouest ».
Bien que la MFWA ait déjà l’habitude d’organiser des bourses pour les journalistes dans le cadre de son programme de bourses pour les journalistes d’investigation de la nouvelle génération (NGIJ), la bourse de journalisme sur les IPN était la première du genre. Au total, 20 journalistes de 10 pays d’Afrique de l’Ouest ont participé à cette bourse afin d’acquérir des connaissances, des compétences et de l’expertise en matière de reportage sur les questions liées aux IPN et aux BPN. À ce jour, les boursiers ont produit et publié plus de 100 articles sur les questions liées au IPN et aux BPN.