Le procureur chargé du dossier du journaliste incarcéré Amadou Diouldé Diallo a requis une peine d’amende de 5 millions de francs guinéens (environ 500 dollars américain) en application, dit-il, des dispositions combinées de la loi 98 et 105 de la loi L2010 02 CNT du 22 juin 2010 portant liberté de la presse.
Cette requête donne une tournure nouvelle à l’affaire. En fait, le journaliste accusé d’offense au chef de l’Etat est actuellement en garde à vue, ce qui a été dénoncé par la fraternité des médias en Guinée qui soutient que la loi portant liberté de la presse ne prévoit pas la privation de liberté.
Détenu depuis le 27 février 2021, Amadou Diouldé Diallo était à la barre du Tribunal de Première Instance de Conakry le 13 avril 2021. Le Président du Tribunal Aboubacar Mafering Camara a notifié au journaliste détenu qu’il sera jugé pour des délits qualifiés d’offense au chef de l’Etat à cause de propos tenus dans l’émission Œil de Lynx du 21 janvier de la radio Lynx Fm. Le journaliste était invité de cette émission à grand audimat et avait déclaré ce jour que le président Alpha Condé veut exterminer les peules.
Le juge lui a demandé s’il reconnait avoir à travers ses propos offensé le chef de l’Etat guinéen. Amadou Diouldé Diallo a répondu qu’il n’a pas offensé le chef de l’Etat. Il a nié ce chef d’accusation articulé contre lui. Il a dit assumer entièrement ses propose, en précisant qu’il était en situation « d’alerte et non d’offense au chef de l’Etat »
Dans ses réquisitions, Sidy Souleymane N’diaye, le procureur de la république près le Tribunal de Première Instance de Dixinn, après être longuement revenu sur la teneur des propos du journaliste lors de son passage dans l’émission « œil de lynx » a qualifié les propos « d’atteinte à la considération et le respect du président de la République ». Il a conséquemment requis une peine d’amende de 5 millions de francs guinéens (environ 500 dollars américain) en vertu de la loi 98 et 105 de la loi L2010 02 CNT du 22 juin 2010 portant liberté de la presse.
Ce qui est curieux, c’est que, malgré le fait que la loi L2010 02 CNT du 22 juin 2010 portant liberté de la presse ne prévoie pas la garde à vue ou les peines de privation de liberté, le tribunal a échoué de remettre en liberté le journaliste. Après les plaidoiries et les réquisitions des avocats, le président du Tribunal a rejeté la demande de la défense de relâcher le journaliste et a renvoyé le délibéré au 28 avril 2021.
Après l’audience, le journaliste Amadou Diouldé Diallo qui est malade depuis des semaines et hospitalisé à l’Hôpital Ignace Deen a été embarqué dans le véhicule de la prison centrale. Il a été retourné à l’hôpital où il doit poursuivre ses soins jusqu’au 28 avril pour être fixé sur son sort.
« Nous sommes déçus du représentant du ministère public dans la mesure où cette infraction, même si elle est établie, encourt une peine pécuniaire et non de privation de liberté. Alors, nous sommes surpris dans ce réquisitoire qu’il parle encore de renvoi de deux semaines et qu’il demander à notre client de retourner en prison », regrette Me Alseny Aissata Diallo avant d’indiquer que « quelle que soit la décision qui sera prise elle ne sera que pécuniaire et non privative de liberté. »
La MFWA est également déçu du fait que le journaliste ait été renvoyé en prison pour une supposée infraction commise par voie de presse, donc relevant de la loi L2010 02 CNT du 22 juin 2010 portant liberté de la presse qui est censée avoir dépénalisé les délits de presse. Nous appelons donc les autorités guinéennes à sortir de prison le journaliste qui est par ailleurs souffrant.