La MFWA demande que les responsables des violences policières contre les manifestants et les journalistes répondent pleinement de leurs actes

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La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) exprime sa profonde préoccupation face aux attaques brutales et aux arrestations musclées de plusieurs manifestants à Accra. Nous demandons instamment aux autorités ghanéennes de diligenter une enquête sur ces événements chaotiques, qui ont également entraîné l’agression de certains journalistes.

Le 22 septembre 2023, des centaines de Ghanéens se sont rassemblés devant le palais présidentiel, également connu sous le nom de Jubilee House, pour exprimer leur mécontentement face, selon les organisateurs, aux difficultés économiques. Cependant, en moins de 15 minutes, des officiers lourdement armés ont violemment interrompu les manifestations, brutalisant certains et arrêtant d’autres. Plusieurs manifestants ont été détenus jusqu’à tard dans la nuit dans plusieurs postes de police d’Accra. D’autres encore ont dû passer la nuit dans des cellules de détention.

Dans un communiqué, la police a déclaré que 49 personnes étaient impliquées, les accusant de « flagrant délit de non-respect d’une procédure judiciaire ».

Les organisateurs, Democracy Hub, ont contesté la déclaration de la police, insistant sur le fait que la procédure en question n’avait pas abouti à une injonction prohibant la manifestation.

L’une des victimes, Franklin Mensah, a confié à la MFWA, lors d’une conversation téléphonique, qu’il avait été arrêté avec 14 autres personnes simplement parce qu’elles portaient des T-shirts de protestation.

« Nous nous trouvions à l’arrêt de bus de l’hôpital militaire 37 après avoir été dispersés du point de rassemblement devant la présidence. Des policiers sont ensuite arrivés à bord de trois camionnettes. Ils nous ont d’abord invités à ‘discuter’, mais ont fini par nous appréhender et nous conduire au quartier général de la police. Ils nous ont par la suite regroupés en différents groupes qu’ils ont emmenés dans différents postes de police, sans pour autant nous informer du motif de notre arrestation. J’ai été libéré vers 21 heures », M. Mensah a-t-il déclaré.

La chaîne JoyNews, basée à Accra, a rapporté que la police avait interrompu l’entretien de son équipe avec un manifestant et avait emmené ce dernier.

Sans minimiser les attaques et les arrestations injustifiées des manifestants, la MFWA trouve désolant que la police ait étendu son hostilité aux médias. Dans cet incident impliquant l’équipe de JoyNews, la police a bousculé le reporter, Maxwell Agbagba, dans un accès de mauvaise humeur, avant d’appréhender le manifestant.

La police a également agressé un reporter de Metro TV et arrêté un reporter de BBC, Thomas Naadi, ainsi que son caméraman, lors de cette vague de répression aveugle. La MFWA a également visionné une vidéo sur YouTube dans laquelle Bridget Otoo, de Metro TV, raconte comment sa robe a été déchirée par les policiers déchaînés.

Les manifestations constituent l’un des moyens officiels d’exprimer une opinion divergente dans toute société démocratique. L’encadrement de ces manifestations relève du droit et non de l’arbitraire et de la brutalité gratuite, comme l’a malheureusement démontré la police ghanéenne. Nous soutenons l’argument des organisateurs de la manifestation selon lequel, en l’absence d’une injonction formelle des autorités judiciaires, la police ne devrait pas automatiquement les empêcher de poursuivre leur manifestation.

En tout état de cause, même les participants à une manifestation interdite ont droit à un traitement décent et à une protection contre les traitements cruels, inhumains et dégradants, conformément à la constitution ghanéenne et aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme. Les arrestations en masse et les agressions tous azimuts pendant ce qui était clairement une manifestation pacifique portent également atteinte aux principes de légalité, de nécessité et de proportionnalité du droit international. Par ailleurs, la saisie généralisée de téléphones et d’autres appareils numériques sans aucune autorisation judiciaire constitue une violation flagrante du droit des victimes au respect de leur vie privée.

La MFWA réitère son aversion pour la violence policière contre des manifestants pacifiques et exhorte les autorités à veiller à ce que la police ghanéenne rende pleinement compte de ses opérations désastreuses dont le monde a été témoin le 21 septembre 2023, afin de restaurer la confiance du public envers les forces de l’ordre.