Une Cour de grande instance en Gambie a condamné par contumace à un total de quatre ans de prison ferme le journaliste exilé et directeur de Taranga FM.
Le 8 novembre 2016, la Cour présidée par la Juge E.O Dada, a trouvé Ceesay coupable et l’a condamné à un an de prison ferme avec une amende de 100,000 Dalasi (environ US$ 2,290) sous les deux premiers chefs d’accusation. Sous le troisième au sixième chef d’accusation, le journaliste était condamné un an de prison ferme en plus d’une amende de 100,000 Dalasi (environ US$2,290). Les six accusations n’étaient qu’une répétition d’une accusation de sédition. Sous la septième charge qui accusait Ceesay de fausse publication, il a écopé de deux ans de prison ferme. Les sentences sont à purger simultanément.
Le Juge Dada a déclaré dans sa décision que Ceesay devrait purger une peine supplémentaire de deux ans au cas où il échouerait à payer l’amende.
Alhagie Abdoulie Ceesay a été d’abord arrêté le 2 juillet 2015, et près être remis en liberté provisoire, et a été arêté de nouveau le 17 juillet 2016 sous l’accusation d’avoir distribué la photo du Président gambien Yahyah Jammeh avec un pistolet braqué sur lui. Au bout de deux semaines pendant lesquelles il a été détenu au secret sans accès à un avocat ou à sa famille, il a été traduit devant la Cour des magistrats le 4 Août 2015 sous un seul chef d’accusation de sédition. Le 18 Novembre, pendant que le procès était en cours à la Cour des Magistrats, l’Etat a déposé sept nouvelles accusations contre le journaliste. Ces charges étaient une simple duplication de la première déposée devant la Cour des Magistrats, la seule exception étant celle de « publication de fausses informations.» Le seul chef d’accusation initiale était abandonné plus tard.
Le journaliste a continué de croupir en prison malgré les multiples appels lancés à l’endroit des autorités gambiennes pour qu’elles le remettent en liberté. Le 3 mars, 2016, la MFWA et 36 autres organisations de défense de la liberté d’expression à travers l’Afrique et le monde ont adressé une pétition à la Commission Africaine des Droits de l’homme et des peuples ainsi que le Rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’opinion et d’expression, les appelant à interpeller la Gambie afin qu’elle remette Ceesay en liberté.
Le 31 Mars 2016, deux membres du Sénat des Etats Unis d’Amérique, Richard Joseph Durbin, un Sénateur Sénior des Etats Unis de l’Etat de l’Illinois et Patrick Joseph Leahy, Sénateur de Vermont, ont aussi écrit au Président Jammeh pour qu’il relâche Ceesay qui était en détention pendant huit mois.
Durant sa détention, Ceesay a été torturé et maltraité et a été hospitalisé à plusieurs reprises jusqu’à son évasion de l’hôpital le 21 Avril 2016.
En rendant le jugement le 8 Novembre 2016, la Juge Dada a ajouté que l’ordre sera donné à la police d’émettre un avis de recherche contre Abdoulie Ceesay, qui vit actuellement en exil, comme un fugitif, et de le ramener pour purger sa sentence. Ceesay risque donc d’être arrêté et fait prisonnier pour purger sa peine, s’il est ramené en Gambie.
La MFWA est profondément préoccupée à propos de la sentence d’Alhagie Abdoulie Ceesay après la longue détention et la torture qu’il a enduré en prison. Nous sommes particulièrement consternées par le fait que malgré les nombreuses interventions et appels des organisations et personnalités locales, régionales et internationales, les autorités gambiennes ont continué de persécuter Ceesay. Nous lançons un appel aux autorités gambiennes d’amnistier Ceesay qui a été forcé déjà de vivre en exile et loin de sa famille et de ses amis. Nous appelons une fois encore la CEDEAO, et la Commission Africaine à exhorter le Président Yahya Jammeh à accorder une amnistie à Ceesay et à prendre des dispositions pour améliorer les conditions de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et des droits de l’homme dans le pays.
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