L’avenir du journalisme en générale en Afrique de l’Ouest est à la croisée des chemins. Avec des lois draconiennes dans les arsenaux juridiques qui pénalisent la parole dans certains pays et les agressions persistantes, le harcèlement et les menaces dont font objet les journalistes au quotidien, les perspectives d’avenir du journalisme dans la région demeurent incertaines.
Bien que les organisations de la liberté d’expression telles que la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) et ses partenaires nationaux continuent de faire le monitoring, de reporter et d’intervenir chaque fois que de telles menaces à la liberté d’expression se produisent de façon dramatique, les violations de la liberté d’expression ne cessent de persister. Les statistiques de telles violations sont alarmantes pour le moins qu’on puisse dire. A titre d’exemple, au cours du dernier trimestre 2017, la MFWA a constaté que les violations de la liberté d’expression ont plus que triplé – de 14 incidents au dernier trimestre de 2016 à 47 incidents de violations au premier trimestre 2017.
Quoique les journalistes ne soient pas les seules victimes des violations de la liberté d’expression, ils sont le plus souvent affectés dans un environnement de répression et d’impunité. Si aujourd’hui un journaliste est lynché par une foule en colère, demain, un gouvernement sera en train de l’en envoyer à la prison pour la simple raison que les journalistes sont en train de faire le devoir leur dévolu par la constitution.
Le travail des institutions médiatiques ou la pratique du journalisme traditionnel est de plus en plus difficile et en rude compétition avec les nouveaux médias. Tandis que la radio et la télévision sont également affectées par le phénomène des nouveaux médias, la presse écrite fait les frais de la menace posée par les nouveaux médias.
La radio et les chaines de télévision continuent par trouver des voies d’innovation grâce à l’internet pour compléter leur travail sans être hors du marché. De nos jours, il y a des radios et télévisions sur internet. Voir même bon nombre de radio et télévisions locales sont accessibles en direct sur internet.
Une innovation similaire est en cours dans la publication écrite aussi, avec des sites des journaux en ligne. Cependant, les sites web des journaux en ligne sont en compétition avec les blogs, le flux des médias sociaux, et autres informations en ligne.
Avec l’internet, les informations se répandent plutôt vite qu’elles ne le sont avec la radio, la télévision ou le presse écrite. C’est maintenant si facile de filmer ou de photographier un évènement avec un simple téléphone mobile et de le partager autour du monde entier par un clic et en un clin d’œil. Même des personnes avec peu ou pas d’idée de journalisme s’identifient maintenant comme des journalistes citoyens du fait qu’elles peuvent écrire, photographier, filmer et publier en ligne.
Ainsi donc quel est l’essence des médias traditionnels si les informations peuvent circuler facilement à travers les nouveaux médias?
Des analystes professionnelles des médias traditionnels soutiennent que les médias traditionnels demeurent importants du fait que leurs contenus pourraient être plus crédibles que ce qui se trouve dans les nouveaux médias. Mais d’autres s’interrogent également sur la crédibilité à une époque où la pratique du journalisme est entachée de non-professionnalisme.
Ceci fait l’objet de débats houleux qui pourraient impacter sur l’avenir du journalisme. Il est temps que les acteurs des medias s’interrogent sur toutes ces questions pour discuter de ces problèmes et définir des stratégies pour l’avenir.
C’est ici le moment des dialogues et de la formation des alliances ou coalitions avec des stratégies bien structurées pour s’attaquer à ces défis.
C’est pourquoi la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA)- l’organisation régionale de la liberté d’expression et du développement des médias- convie à une conférence régionale des médias pour discuter du passé, du présent et du futur du journalisme en Afrique de l’Ouest.
La conférence appelée ; Conférence des Médias d’Afrique de l’Ouest et Prix d’Excellence(WAMECA) qui est prévue en Octobre 2017, à Accra au Ghana, vise à rassembler les acteurs des médias à travers la région pour discuter des problèmes dominants et émergents auxquels le secteur des médias est confrontés.
Tandis qu’il est attendu de la conférence des résolutions qui vont redéfinir et façonner l’avenir du journalisme en Afrique de l’Ouest, les organisateurs regardent au-delà de la conférence, pour y inclure une cérémonie de remise de prix pour apprécier témoigner et célébrer les journalistes qui ont fait montre d’excellence dans leur travail dans la région.
Il ne peut y avoir de meilleur moment pour un tel rassemblement qu’à cette période crucial où le journalisme traditionnel fait face à de nombreux bouleversements.
Faisons de cet engagement qui est la première mais non pas la dernière, en sauvegardant l’avenir du journalisme pour que cela soit un processus continue et une préoccupation de tous parce que une menace au journalisme devrait être une menace à l’humanité elle-même.
Vive la liberté de la presse,…vive le journalisme !