Les autorités béninoises doivent libérer le journaliste Damilola Ayeni, abandonner l’accusation de « djihadisme » qui pèse sur lui et veiller à ce qu’il rentre au Nigeria en toute sécurité et sans souffrir d’autres violations de ses droits.
Ayeni a été arrêté les autorités béninoises alors qu’il recueillait des informations à Pendjari, l’un des célèbres parcs nationaux du Bénin, dans le cadre d’un projet de reportage sur le journalisme environnemental nigéro-béninois.
Son organe de presse (FIJ) a déclaré avoir reçu un message de détresse d’Ayeni le 31 août 2023. « Je viens d’être arrêté », a-t-il écrit dans le SMS.
Lors d’un appel téléphonique ultérieur, le journaliste a expliqué à ses collègues qu’il était détenu à cause des préoccupations des autorités en matière de sécurité dans la région.
La FIJ a déclaré qu’après avoir gardé le journaliste au secret pendant cinq jours, la police de Parakou, dans le nord du Bénin, est revenue vers la direction avec le message suivant :
« Bonjour monsieur, je suis le commissaire du commissariat central de Parakou au Bénin. Connaissez-vous M. Damilola de nationalité nigériane ? Il est arrêté dans le parc de Penjari [sic] au nord du Bénin pour djihadisme. Il serait présenté au procureur et envoyé en prison. Il risque 10 à 20 ans de prison. Que pensez-vous de sa situation, monsieur ? »
Plus tard dans la journée, la police a embarqué le journaliste dans un véhicule pour un voyage de nuit vers Cotonou, selon le commissaire de police de Parakou qui a répondu aux questions de la MFWA dans un message WhatsApp.
« Il a été mis sur la route de Cotonou depuis hier [mardi 5 septembre] », a déclaré le commissaire de police qui a tenu à garder anonymat.
« Si vous avez des représentants à Cotonou, ils peuvent aller demander votre confrère mis à la disposition de la brigade criminelle pour être écouté à nouveau, avant de le présenter au procureur de la CRIET à Porto Novo », a renchéri le commissaire.
La CRIET est un acronyme pour la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Juridiction de la cour suprême établie en 2018 pour traiter les affaires impliquant des crimes économiques, la cybercriminalité et le terrorisme, la CRIET est largement considérée comme un outil qui se laisse instrumentaliser par le gouvernement pour faire taire ses critiques et ses opposants.
Ayeni n’a commis aucun crime. Il a simplement été arrêté pour avoir fait un reportage dans un parc national que les autorités considèrent comme une zone de sécurité. Il est affligeant et incroyable que le rédacteur en chef d’un média réputé, un journaliste connu pour ses reportages et son activisme sur les questions environnementales, ait dû subir plusieurs jours de détention, avec le risque d’écoper une peine de prison pouvant aller jusqu’à 20 ans, sous l’accusation de s’être livré à des activités djihadistes. La MFWA demande instamment aux autorités béninoises d’abandonner cette accusation grotesque et de mettre fin à tout interrogatoire ou procédure pénale à l’encontre d’Ayeni.