La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest dénonce fermement l’agression brutale d’Ousmane Kane, journaliste de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS), par une vingtaine d’agents de l’hôpital régional de Louga.
Journaliste et responsable de la station régionale de la RTS dans la région de Louga, Ousmane Kane s’est rendu le 15 avril 2022 à la maternité de l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga (environ 200 km au nord de Dakar) pour réaliser un reportage sur un incident polémique.
Selon les sources, Astou Sokhna, une femme enceinte, aurait perdu la vie en couches pour des raisons présumées de « négligences médicales » et de « défaut de prise en charge » de la part du personnel médical de l’hôpital. Mécontent de cette accusation, le personnel a donc décidé de tenir un point de presse pour annoncer leur mécontentement et la suspension des services de la maternité de l’hôpital de Louga.
À son arrivée dans l’enceinte de l’hôpital, M. Kane a été abordé par deux agents de sécurités qui lui ont interdit d’enregistrer sans autorisation. Surpris, le journaliste qui est habitué à couvrir des évènements dans l’hôpital, n’a pas reçu de réponse quant à la personne à consulter pour recevoir ladite autorisation.
« J’avais ma carte de presse sur moi et ils ne me l’ont même pas demandée. Ils m’ont dit qu’il fallait demander la permission. J’ai dit, je demande la permission à qui ? Lorsqu’il n’y avait pas mort d’homme ici, on venait naturellement tous les jours, on faisait notre travail », a-t-il expliqué à la MFWA au cours d’une conversation téléphonique.
Ousmane Kane a fini son reportage et était sur le point de partir lorsque le personnel médical de l’hôpital, soit environ une vingtaine de personne, l’a encerclé, brutalisé et détruit ses deux téléphones. Un médecin de l’hôpital, qui a reconnu le responsable de la RTS (Louga), est intervenu pour le sauver de justesse.
« Ils m’ont injurié, brutalisé, pris au collet et ont même cassé mes deux portables. Ils sont entrés dans ma voiture, ont fouillé mon sac, confisqué le matériel de travail que j’avais et l’ont emporté », a-t-il confié à la MFWA.
Toute la presse de Louga s’est mobilisée pour soutenir le responsable régional de la Radio Sénégal. Ousmane Kane a porté plainte et a été reçu le lendemain par le commissaire de police de Louga. Son matériel de travail lui a été retourné, mais ses deux téléphones sont toujours endommagés et les auteurs de l’agression n’ont toujours pas été sanctionnés.
Ousmane Kane se dit un peu déçu que ce genre de mentalité continu d’exister. Toutefois, il ne se pas laisse pas décourager. Il considère le journalisme comme un métier à risque dans lequel il faut être paré à toute éventualité.
« C’est un métier à risque. Il faut s’attendre à tout et même à des cas pareils. Ça n’entrave en rien mon désir de toujours aller à la recherche de l’information. Même si je dois être brutalisé encore une fois, je le ferai », a-t-il déclaré.
La MFWA se félicite du soutien moral que la presse a manifesté à Ousmane Kane. Nous en appelons aux autorités sénégalaises à ne pas laisser cette action sombrer dans l’oubli et à sanctionner les auteurs de cet acte de barbarie.
Il est déplorable qu’un journaliste soit traité de la sorte. Il faudrait sensibiliser les consciences sur l’importance du journalisme et permettre à la presse de faire son travail.