En ce vendredi 27 mai, voilà exactement deux semaines que le Service de sécurité de l’État (SSS) de l’État d’Ogun, au Nigeria, a arrêté Olamilekan Hammed, journaliste et éditeur du site Internet EaglesForeSight, pour des motifs qui n’ont pas été divulgués.
L’arrestation fait suite à la publication par le site de M. Hammed d’un article sur le « casier judiciaire présumé » du gouverneur de l’État d’Ogun, Dapo Abiodun.
L’article publié à l’origine par Peoples Gazette un site d’information en ligne privé, affirmait que le gouverneur nigérian avait été arrêté pour fraude à la carte bancaire et contrefaçon aux États-Unis en 1986.
Cette allégation était au cœur d’une pétition adressée à Abdullah Adamu, président national du parti au pouvoir, le All Progressives Congress, visant à empêcher Abiodun de briguer un second mandat en tant que gouverneur de l’État du Sud-Ouest.
En réponse à ce rapport, M. Abiodun, par l’intermédiaire de son équipe juridique, Afe Babalola and Co, a fait valoir que son éventuelle arrestation ne constituait pas une condamnation et qu’il n’avait donc pas à répondre des lois qui s’appliquent aux criminels.
Le 13 mai, après la republication de l’article, le SSS de l’État d’Ogun a invité Hammed à un interrogatoire. En arrivant au bureau de la police secrète, le journaliste a été arrêté et transféré au siège de la police de l’État, où il est toujours détenu sans inculpation.
Festus Ogun, l’avocat de M. Hammed, a déclaré que l’accès à son client lui avait été refusé dans un premier temps. Selon lui, le 29 avril, les autorités ont obligé le journaliste à supprimer l’article republié du site EaglesForeSight et à présenter des excuses publiques au gouverneur, ce que le journaliste a fait.
La MFWA a constaté que l’article avait disparu du site Internet et que les derniers articles publiés sur la plateforme d’information étaient datés du 13 mai, jour de l’arrestation de M. Hammed.
Festus a déclaré qu’il n’avait pas été informé de la date de libération de son client, ajoutant que le maintien en détention de son client était “inquiétant” et que la situation l’inciterait à saisir la Haute Cour de l’État pour obtenir la libération du journaliste.
« Depuis son arrestation, M. Hammed continue de faire l’objet de harcèlements, de tortures et d’intimidations injustes pour avoir simplement fait son travail de journaliste citoyen après avoir été contraint de retirer l’article de son site Internet », a confié M. Festus.
« Étant donné que le journalisme n’est pas un crime dans ce pays, les invitations antérieures, l’arrestation récente et la détention qui s’ensuit d’Olamilekan Hammed par le SSS constituent un abus de pouvoir pur et simple et sont complètement illégales. Les sections 34, 35 et 39 de la Constitution de 1999 sont sans équivoque à ce sujet. » a-t-il ajouté.
Festus a déclaré qu’il pensait que le gouverneur abusait de ses pouvoirs pour faire taire son client qui n’a fait que son travail en ” diffusant des documents accessibles au public “.
Certains Nigérians se sont depuis élevés contre la détention de Hammed sous l’hashtag #FreeLahbash sur Twitter (Lahbash est le surnom de Hammed).
S’exprimant au nom du gouverneur, le commissaire chargé de l’information pour l’État d’Ogun, Waheed Odusile, a blanchi son patron quant à l’arrestation de Hammed.
« Allez demander à ceux qui l’ont arrêté. A-t-il été détenu par le gouverneur ? Qui l’a arrêté ? Allez-y et renseignez-vous. Pourquoi a-t-il été arrêté ? Allez-y et découvrez-le. En tout cas, cela ne vient pas de nous. Nous ne sommes pas partie prenante dans cette affaire, cela n’a rien à voir avec le gouverneur de l’État », a-t-il confié à la MFWA par téléphone.
Cependant, le SSS n’a pas répondu aux demandes de renseignements de la MFWA.
La MFWA appelle les autorités nigérianes à libérer immédiatement et sans condition Hammed de sa détention arbitraire et à lui permettre de travailler sans crainte ni intimidation.
Le maintien en détention arbitraire du journaliste sans chef d’accusation est une tentative malveillante visant à le réduire au silence, ce qui est en totale contradiction avec les dispositions de la constitution nigériane.