L’environnement de la Liberté d’Expression en Afrique de l’Ouest a connu plusieurs soubresauts en Mai 2019 avec la répression des manifestants post-électoral au Benin au cours desquelles deux personnes au moins ont été tuées par balles le 1er Mai.
Les protestataires ont encore fait les frais de l’intolérance des gouvernements lorsque sept membres d’une mouvance de l’opposition politique en Guinée ont été condamnés, le 7 Mai 2019, à trois mois de prison et à une amende de 500 000 Francs Guinéens (à peu près 55 USD) chacun, après qu’ils aient été arrêtés pour avoir initié une protestation contre la présumée intention du Président Alpha Condé de briguer un troisième mandant.
Les sept personnes étaient tous membres du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), un groupe politique opposé à toutes réformes constitutionnelles permettant au Président Condé de briguer un troisième mandat. Ils étaient arrêtés le 4 Mai 2019 au stade Fodé Fissa à Kindia, où le président officiait une cérémonie. Ils portaient des tricots sur lesquels était écrits : “Ne Touche Pas à ma Constitution.”
Les attaques contre les protestataires ont continué avec l’arrestation de 15 personnes en Gambie, dont sept femmes qui manifestaient le 11 Mai 2019 pour réclamer à ce que le gouvernement du Président Adama Barrow respecte son engagement de limiter son mandat à trois ans. Un porte-parole de la police, ASP Lamin Njie, a confirmé que les victimes étaient accusées d’avoir: “enfreint la Loi sur l’Ordre Publique en troublant la paix contrairement à la Section 9 de la Constitution”.
Dans le premier incident d’attaque contre les journalistes, le 2 Mai, quelques sympathisants du parti au pouvoir Sierra Leone Peoples Party (SLPP), ont attaqué physiquement Amira Tatayea Bangura, une journaliste de Sierra Express Media. Les assaillants qui ont été filmés agressant deux députés de l’opposition au parlement ont aussi détruit les enregistrements du téléphone de Bangura.
Une seconde attaque sur une journaliste s’est produite le 8 Mai lorsque des voyous suspectés d’être des sympathisants du Ministre Nigérian du Travail, ont attaqué Avodeji Adegboyega, un journaliste de la presse écrite Premium Times, et saisi ses téléphones et son argent.
L’incident s’est produit lorsqu’Ayodeji Adegboyega couvrait une protestation du syndicat des travailleurs contre le Ministre du Travail, Chris Ngige, sur le retard de l’inauguration du Conseil d’Administration du Nigeria Social Insurance Trust Fund (NSITF). Le journaliste fut abordé par des voyous qui l’ont aperçu filmer leurs actes de violence contre les protestataires près de la résidence du ministre à Abuja.
La cible des violations a basculé sur les maisons de presse lorsque l’Autorité Nationale des Communications (NCA), le régulateur des fréquences de radiotélédiffusion et de communications au Ghana a fermé des stations de radio telles que Gold et XYZ, toutes deux basées à Accra et proches du parti d’opposition National Democratic Congress (NDC). La mesure qui a été annoncée dans un communiqué publié le 9 Mai 2019, a été condamnée par la MFWA comme discriminatoire et dépourvue de transparence.
Le 20 Mai 2019, l’Assemblée Nationale du Nigeria a introduit des mesures restrictives pour l’accréditation des médias voulant couvrir ses activités. Les mesures contiennent jusqu’à 20 conditions qui ont été largement décrites comme draconiennes et rejetées par la fraternité des médias au Nigeria. La MFWA a aussi protesté contre la mesure qu’elle considérait comme une censure. Suite aux cris d’indignation, la mesure a été retirée.
Autres Développements
Il y avait, cependant, quelques progrès significatifs dans d’autres domaines lorsqu’un tribunal au Benin à lever la suspension indéfinie imposée à un journal et le Président du Ghana promulguant la nouvelle Loi d’Accès à l’Information.
Dans un verdict qui a été largement salué comme une victoire pour la liberté de la presse, une cour d’appel à Cotonou, a le 16 Mai 2019, ordonné au régulateur des médias de lever la suspension sur le journal privé La Nouvelle Tribune. La Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication (HAAC) ; l’organe de régulation des médias, avait suspendu le journal de façon indéfinie le 26 Juillet 2018 après que le journal ait publié successivement des articles critiques sur le Président Patrice Talon.
A l’occasion de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse (JMLP), la Sierra Leone Association of Journalists (SLAJ) a appelé le gouvernement à garantir la justice dans le cas d’Ibrahim Samura, ancien rédacteur et éditeur du journal indépendant New Age. Samura avait été battu avec des chaines en fer et bâtons par les membres du parti au pouvoir d’alors All People’s Congress (APC) durant la campagne de la deuxieme tour de l’élection présidentielle de Mars 2018. Il en est mort des blessures trois mois plus tard et les auteurs, y compris un Ministre Adjoint et Maire d’alors de la capitale, ne sont pas encore poursuivis.
“Nous appelons la police et le gouvernement à agir. L’investigation a été conduite. C’est aux autorités de porter l’affaire devant la justice maintenant. Nous allons continuer à mettre la pression sur eux ainsi,” a dit Ahmed Sahid Nasralla, le secrétaire général national de SLAJ, à Inter Press Service le 2 Mai.
Toujours par rapport à la JMLP, des acteurs de la liberté de la presse au Ghana ont renouvelé leur engagement à promouvoir la sécurité des journalistes dans le pays lors d’un Dialogue des Acteurs organisé le 2 Mai 2019, en commémorer la journée. Le forum a été conjointement organisé par la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) et l’Association des Journalistes du Ghana (GJA).
Le 21 Mai, le Ghana a bouclé le processus d’adoption de la Loi d’Accès à l’Information lorsque le Président Addo Dankwa Akufo-Addo a promulgué la loi qui a été récemment voté par le parlement du pays. Saluant cette promulgation, la MFWA a appelé pour sa mise en œuvre appropriée dans l’atteinte des objectifs du renforcement de la lutte contre la corruption et la promotion de la gouvernance transparente au Ghana.