La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest se félicite de la libération sous caution du journaliste Luka Binniyat qui a passé 84 jours en détention et exige l’annulation de toutes les accusations portées contre lui.
Le 27 janvier 2022, la Haute Cour Fédérale de Kaduna, capitale de l’État de Kaduna au Nigeria, a statué sur un cautionnement s’élevant à 1 million de Naira (environ 2.450 dollars) et deux autres cautions du même montant.
Le 04 novembre 2021, le journaliste qui travaille avec le journal en ligne Epoch Times basé aux Etats-Unis, a été arrêté après avoir rédigé un article qui dénonçait l’indifférence du gouvernement de l’Etat de Kaduna concernant les attaques des bandits subies par les communautés au Sud de Kaduna. Publié le 21 septembre 2021, l’article avait cité les propos de Danjuma La’ah, le Sénateur en charge du Sud de Kaduna, qui aurait supposément faits des critiques sur la gestion de la situation sécuritaire par les autorités de l’Etat fédéral. La’ah a par la suite démenti les accusations qui ont été portées contre lui et le journaliste a été accusé de cyberharcèlement et de complicité dans une infraction cybercriminelle par voie de l’article en ligne.
Il a été détenu suite à une plainte pour diffamation déposée par Samuel Aruwan, le commissaire à la sécurité intérieure de l’Etat de Kaduna. Binniyat a plaidé non coupable face à toutes les accusations. Toutes les tentatives précédentes de son avocat pour obtenir une libération sous caution ont également échoué.
Binniyat a une fois de plus plaidé non coupable face aux accusations lors de l’audience du 27 janvier 2022. Et puisqu’il n’y avait aucune objection au cours du procès, sa demande de liberté sous caution lui a été octroyée. L’état de santé du journaliste serait en train de se détériorer. Sa femme, Glady Binniyat, a récemment lancé un appel à travers les médias concernant l’état de santé défaillant de son mari en prison.
Binniyat est un journaliste activiste courageux ayant une passion pour l’autonomisation des communautés. Il se présente sur son compte twitter @Kindusluka en tant « qu’écrivain, mobilisateur communautaire et terreur des tyrans ».
C’est la deuxième fois que ses reportages lui attirent la foudre des autorités. Le 16 juillet 2017, il a été accusé d’atteinte à la paix publique et de faux reportages en rapport avec un article qu’il a écrit environ six ans plus tôt. Dans ledit article, il rapportait que quelques bergers avaient tué cinq élèves d’une école professionnelle dans l’Etat de Kaduna. Malgré l’arrivée au tribunal de Binniyat en béquilles suite à un accident, le juge a ordonné qu’il soit placé en détention provisoire. Il a éventuellement passé 96 jours en détention avant d’être libéré sous caution après une série d’audiences et d’ajournements.
« La MFWA salue la remise en liberté de Luka Binniyat et exhorte les autorités de l’État de Kaduna à mettre fin au procès contre le journaliste. Accuser un journaliste de cyberharcèlement pour avoir écrit un article sur l’insécurité qui représente un sujet important et d’intérêt public, revient à pousser la Loi Nigériane de la Cybercriminalité de 2015 à des limites absurdes. En outre, la longue période que le journaliste a passé en détention provisoire dans une prison de haute sécurité a davantage compromis sa santé et représente une violation importante de ses droits », a déclaré Muheeb Saeed, chargé de programme principal à la MFWA.