Etat Général des Affaires
D’une campagne électorale relativement pacifique pour les élections générales du 7 Mars 2018, l’atmosphère politique en Sierra Léone se détériore de jour en jour. Des altercations isolées, la plupart verbales, sont passées aux échanges de coup-de-poings et jets des projectiles, conduisant quelques analystes à déclarer que le pays est assis sur une bombe à retardement.
Les enjeux sont très élevés et les acteurs politiques sont désespérés. Le parti au pouvoir All People’s Congress (APC) s’efforce évidement à remporter les élections tandis que le parti d’opposition principal de la Sierra Leone People’s Party (SLPP) et de nouveaux vibrants partis politiques tentent aussi sérieusement leurs chances. Déjà, les tons des messages de campagnes se durcissent de la part des politiciens des divers partis politiques.
Les dernières semaines ont enregistré des poches d’affrontement entre les sympathisants de l’APC; parti au pouvoir avec le principal parti d’opposition: SLPP.
L’escalade de la violence a atteint un sommet dangereux lorsque le convoi de Julius Maada Bio, le candidat du SLPP à l’élection présidentiel a été attaqué au moment où il est arrivé pour la campagne dans la ville natale de Samura Kamara ; le candidat à la présidence du parti APC au pouvoir. Le pare–brise et tout le véhicule de campagne de Maada a essuyé des jets de pierre et des coups de bâtons au cours de l’incident du 20 Février 2018. Par conséquent, le programme de campagne a été annulé.
Face à cette escalade, le Service de Police a proposé un protocole d’accord visant à interdire le mouvement de la population après que les gens aient voté le jour d’élection. L’opposition a cependant rejeté la proposition ‘’Allez Voter et Rentrez chez Vous » (en Anglais Go Vote and Go Home) pour deux raisons : premièrement, que l’interdiction proposée serait une violation des droits des citoyens à la libre circulation et deuxièmement, que l’on ne peut faire confiance aux forces de sécurité dans l’application de la loi de façon impartiale.
Au milieu de tout ceci, les sierras léonaises attendent impatiemment les élections des conseillers locaux et municipaux ainsi que les scrutins parlementaires et présidentiels. L’anxiété peut être seulement décrite comme étant à son paroxysme.
Au cœur des préoccupations et défis croissants, l’institution chargée de l’organisation des élections, la Commission Nationale Electorale (NEC) continue de rassurer la population que toutes les conditions pour les élections pacifiques seront réunies et les votes auront lieu le 7 Mars 2018 comme prévus.
Contrairement à la situation sécuritaire qui s’est dégradée, l’état des préparations du NEC s’est amélioré et est passé de l’incertitude à l’espoir. Il y a peu près deux mois, le Ministère des Finances a communiqué à la NEC qu’il allait ordonner l’arrêt du décaissement hebdomadaire des fonds qui seront transférées à l’institution électorale pour la conduite des élections de 2018 jusqu’à ce que l’audite ait été conduite sur l’usage des fonds alloués. Quelques analystes craignaient que l’élan du ministère remonterait au chantage avec le potentiel de compromettre l’Independence de la NEC. Ceci du fait que l’audite proposée par le Ministère des Finances relève du mandat des Services d’Audit et non celui du ministère.
Aujourd’hui, le bras de fer a été débloqué et la NEC semble gagner la confiance du public en ce qui concerne son habileté et ses préparations à organiser des élections crédibles.
Du coté des politiciens, les choses prennent de meilleures formes en ce qui concerne les préparations pour les élections en question. Récemment, en janvier 2018, un nombre de partis politiques n’avaient pas encore nommé leurs colistiers pour la course aux élections présidentielles; d’autres n’ont pas encore nommé leurs candidats aux élections présidentiels ou même rempli les conditions d’inscription de leurs partis politiques.
Le Rôle des Médias
Les médias sierra léonais ont un rôle crucial à jouer dans cette élection en ce qui concerne le reportage des activités et la gestion des élections par les institutions telles que la Commission Nationale Electorale (NEC) et la Commission d’Enregistrement des Partis Politiques (PPRC). Les médias ont aussi la responsabilité de sensibiliser le public à propos des processus électoraux. Les intérêts partisans politiques et le non-professionnalisme semblent se refléter dans les lignes éditoriales de certains journaux. Quelques journaux privés indépendants s’associent de façon manifeste aux partis politiques différents.
Il n’y a pas eu cependant assez d’allégeances politiques constatés au sein des chaines de télévision et de radios, à l’exception des chaines de radio-télédiffusions d’Etat(SLBC), qui sont supposées être indépendants mais semblent être plutôt inclinées vers le parti au pouvoir.
Les médias semblent être concentrés seulement sur la couverture et le reportage des campagnes. Et ce, au dépens de leurs rôles d’éducation du public, de vérification des faits des déclarations des candidats et les questionnements sur les défis clés du développement et les aspirations de la population.
Les Médias les Plus en Vue et les Perceptions Générales
Sans aucun doute, les premiers organes des médias en Sierra Léone sont: Africa Young Voices(AYV) Media Empire qui incorpore les journaux Africa Young Voices, la radio, la télévision et une imprimerie ; Media One Centre qui comprend le journal Standard Times, Star Radio et Télévision et une imprimerie ; le Sierra Leone Broadcasting Corporation (SLBC) Radio et Télévision ; Society for Radio Democracy; le Journal Awoko ; le journal Exclusive et le Journal Global Times.
Les médias AYV et Media One Centre sont les meilleurs organes des médias privés dans le pays et sont détenus par des particuliers ; respectivement Anthony Navo (Jnr) et Philip Neville.
L’AYV est perçu comme le media le plus grand et le plus professionnel dans le pays actuellement. Le Media One Center est largement vu comme professionnel et indépendant dans ses activités malgré le fait qu’une partie de la population estime que la politique éditoriale de l’organe vacille trop souvent.
Society for Radio Democracy apparait être la radio la plus écoutée particulièrement durant les premières heures de la matinée vu qu’elle diffuse une émission la plus populaire présentement -« Bonjour Salone » (Gud Morning Salone en anglais). Les journaux Global Tines et Awareness Times se présentent comme des journaux indépendants mais apparaissent être associés respectivement aux partis SLPP de l’opposition et l’APC au pouvoir.
La Liberté des Médias
Quoique les médias et les journalistes fassent face à de nombreux défis dans l’exercice de leur travail, la presse en Sierra Leone est relativement libre et jouit d’une relation de cordialité avec le gouvernement. Cependant, des cas isolés des politiciens incitant les forces de l’ordre aux arrestations, détentions arbitraires et quelquefois, des poursuites en justice des journalistes sur des fausses accusations demeurent préoccupantes.
Il y a aussi des cas de tentatives de censures occasionnels des médias par l’Etat. Au milieu de tout ceci, les médias demeurent résolus dans l’accomplissement de leurs rôles qui leur sont dévolus par la constitution.
Recommandations Général pour un Professionnalisme des Médias
C’est évident que les médias en Sierra Leone ont besoin dans cette situation de soutien aux renforcements de capacité pour améliorer leur professionnalisme et leur permettre de jouer leur important rôle de manière efficiente et professionnelle lors des processus électoraux.
Des formations spéciales sur le reportage des élections sont nécessaires pour les journalistes qui seront en train de couvrir les élections, en particulier les journalistes qui seront en train de reporter sur les élections pour la première fois, en plus des formations de rafraichissement pour les journalistes qui ont de l’expérience sur le reportage des élections.
Les médias ont besoin aussi d’appui financier et logistique tels que les enregistreurs numériques, des caméras, des ordinateurs et autres outils de reportages pour améliorer leur travail. Il est donc recommandé aux organisations de promotion de développement des médias et de la démocratie de prioriser le soutien aux médias sierra léonais en vue de leur permettre de jouer leurs rôles critiques dans la garantie de la tenue d’une élection réussie et pacifique.
Les médias doivent aussi s’efforcer à être professionnels et à dépolitiser leurs lignes éditoriales pour s’assurer de reportages crédibles qui aident le public à prendre des décisions informées.
Par-dessus tout, pour assurer une grande collaboration entre les médias et les agences de forces de sécurité avant, pendant, et après les élections, c’est très important pour les deux groupes de dialoguer et de mettre en place des modalités sur comment ils peuvent ensemble assurer des élections pacifiques en Sierra Leone.
