La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) se félicite de la justice rendue par un tribunal d’Accra, au Ghana, en emprisonnant un réparateur de téléphones pour extorsion sexuelle, et espère que la conviction aura l’effet dissuasif souhaité.
Le 20 juin 2022, la cour de justice présidée par Mme Sedinam Awo Balokah, a condamné Solomon Doga, un réparateur, à 14 ans de prison après l’avoir jugé coupable de sextorsion et de publication non consentie d’images intimes.
Selon le procureur, l’inspecteur-chef Maxwell Lanyo, la victime est une femme libanaise résidant à Accra qui a fait appel aux services du réparateur pour déverrouiller son téléphone. Alors qu’il déverrouillait le téléphone, ce dernier a accédé illégalement à la mémoire du téléphone et a téléchargé les photos intimes de la victime.
Doga a par la suite envoyé les photos à la plaignante, lui demandant de l’argent.
Lorsque la victime n’en pouvait plus de ce harcèlement, elle a bloqué son harceleur, a-t-on appris auprès du tribunal. Doga a alors publié les photos intimes de la plaignante sur les réseaux sociaux, Facebook et Messenger. Selon les dires de la victime, elle a reçu plusieurs appels de ses collègues de travail, de ses amis, et de ses proches lui demandant des explications sur les photos, ce qui l’a mise dans une situation extrêmement embarrassante. Elle a alors fait appel aux services d’un expert en informatique qui a retrouvé la trace de Doga, ce qui a conduit à son arrestation.
C’est sur la base de ces faits, et après que Doga ait plaidé coupable que ce dernier a été reconnu coupable par la présidente du tribunal qui l’a condamné à 12 ans de prison pour sextorsion et à deux autres années pour publication non consentie d’images intimes.
Les peines sont à purger de manière consécutive, ce qui signifie que Doga devra purger au total 14 ans de prison.
« Faire des femmes les cibles d’abus au moyen de la technologie est un phénomène qui prend malheureusement de l’ampleur, dans le monde actuel, dominé par la technologie. Nous condamnons fermement toutes formes de body shaming et la publication non consentie d’images intimes. Dans cette affaire, nous sommes tout simplement consterné par le fait que l’auteur a violé la confidentialité de la victime en accédant au contenu du téléphone sans y avoir été autorisé et a ensuite tenté de l’extorquer », a observé Vivian Affoah, responsable du programme des droits numériques de la MFWA.
En vertu de l’article 66 de la loi ghanéenne sur la cybersécurité (loi 1038), toute personne qui se livre à une extorsion sexuelle « est passible sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire d’une peine de prison de 10 ans au minimum et de 25 ans au maximum. » L’article 67 stipule que toute personne qui se livre à la publication non consentie d’images intimes appartenant à une autre personne a commis une infraction et « est passible sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire d’une peine de prison d’un an au minimum et de trois ans au maximum. »
Doga a donc reçu une peine clémente pour les deux chefs d’accusation.
La MFWA félicite la cour pour ce jugement et met en garde ceux qui seraient tentés de violés la vie privée en ligne d’autres individus et des femmes en particulier.