La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest(MFWA) se joint au monde en cette journée de 30 Août pour se souvenir des victimes des disparitions forcées.
Aujourd’hui, la MFWA se souvient en particulier du journaliste Gambien disparu; Chief Ebrima Manneh.
Manneh est un journaliste travaillant pour Daily Observer; un journal pro-gouvernemental d’alors, et qui a été arrêté dans son bureau à Banjul le 7 Juillet 2006 par les éléments de l’Agence Nationale de Renseignement Gambien (NIA).
Manneh a été arrêté pour avoir donné à un journaliste de la BBC des informations ‘préjudiciables’ durant une rencontre de l’Union Africaine à Addis Ababa et pour avoir essayé de reproduire un article de la BBC critiquant le coup d’état qui a porté le Président Yahya Jammeh au pouvoir. Au cours de l’année qui a suivi son arrestation, Manneh a été aperçu plusieurs fois au sein de plusieurs prisons et centres de détention, ayant été transféré à plusieurs reprises. Il a été aussi vu accompagné par les agents paramilitaires à l’hôpital pour des soins en raison d’une de la montée de sa tension artérielle.
À ce jour, le gouvernement a dénié avoir arrêté et détenu Manneh et le journaliste n’est pas toujours retrouvable.
Les Nations Unies ont souligné que les « disparitions forcées ont souvent servies de stratégie pour faire régner la terreur dans une société. Le sentiment d’insécurité résultant de cette pratique ne se limite pas aux proches de la personne disparue mais touche aussi la communauté et l’ensemble de la société ». En effet, après la disparition de Manneh, de nombreux journalistes en Gambie se sentent en proie à l’insécurité.
En 2007, la MFWA a déposé une plainte auprès de la cour de justice de la Communauté de la CEDEAO en se constituant parti civil pour demander que justice soit rendue à Manneh et à sa famille. Non seulement le gouvernement de la Gambie ne s’est pas présenté devant la Cour mais aussi a essayé de kidnapper l’un des témoins en contre l’Etat. Le 10 Mars, Yahya Dampha, un journaliste gambien qui a été un témoin dans l’affaire de Manneh et qui a reçu des menaces a fui dans au pays voisin, le Sénégal, après avoir échappé à une tentative de kidnapping par trois présumés agents de la NIA. A l’époque, Dampha a dit à la MFWA qu’il avait sollicité le recours de ses voisins après avoir reconnu un certain Habib Drammeh comme un agent de la NIA, rattaché au bureau de l’ancien président Gambien. Grâce à l’intervention de ses voisins, les présumés ravisseurs ont pris la fuite. Dampha a dit aussi à la MFWA qu’avant cette tentative, il a reçu un certain nombre de menaces téléphoniques.
Quelques mois plus tard, le 5 Juin 2008, la Cour de la CEDEAO a jugé la Gambie coupable de disparition de Manneh et a ordonné au gouvernement de libérer le journaliste et de lui verser 100 000 dollars US pour dommages et intérêts.
Voilà neuf ans, l’on ignore toujours où se trouve Manneh et le gouvernement gambien n’a toujours pas agi en aucune manière dans le sens la réparation, et ce en violation avec ses obligations avec le Traité Révisé de la CEDEAO. La MFWA continue de demander à la CEDEAO de mettre tout en œuvre pour que la Gambie se conforme au verdict de la Cour de la CEDEAO vis-à-vis de ses obligations en tant que membre de la CEDEAO. Nous appelons également la CEDEAO et tous les Etats Africains à prioriser les questions de protection des journalistes en enquêtant, en poursuivant en justice et en trouvant une solution aux cas de disparitions forcées. En dernier lieu, nous exhortons tous les Etats en Afrique de l’Ouest à respecter, à protéger et à satisfaire aux droits des populations à la liberté d’expression, y compris la liberté de la presse, et de cesser de poursuivre les personnes qui exercent leurs droits.