La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement l’arrestation, l’interrogatoire ainsi que de l’intimidation illégales du journaliste Mamadou Sagnane a Dnguieraye (situé a environ 545 Km au Nord de Conakry).
Le 16 juin, Mamadou Sagnane, correspondant du site Mosaiqueguinee.com et journaliste de la radio rurale de Dinguiraye a été arrêté par des gendarmes au bureau du Colonel Karamoko Oumar Boké Camara, Préfet Militaire de cette ville.
Il a été interrogé au Bloc Administratif de la Préfecture par deux gendarmes de 14 heures a 19 heures. Il a fallu attendre 20h pour qu’il ait l’autorisation de s’en aller.
Les autorités accusent Mamadou Sagnane d’avoir incité les jeunes de la ville à l’émeute à travers un communiqué de presse qu’il a lu sur la radio rurale où il travaille. La déclaration, publiée par les jeunes de Dinguiraye, relatait la mort d’Ousmane Berete, un conducteur de moto commerciale, après une confrontation avec la police de la circulation automobile. L’incident se serait produit à un poste de contrôle à la périphérie de Dinguiraye.
Dans le communiqué publié le 8 juin 2022, une association de jeunes de Dinguiraye a invité tous les jeunes de la ville à une réunion le lendemain afin de décider dans quelle mesure apporter une aide à la famille du conducteur de moto décédé. Le directeur de la radio rurale de Dinguiraye a d’abord lu la déclaration en français, ensuite pular et malinké dans laquelle les jeunes condamnent la brutalité policière. Mamadou Sagnane a également lu la déclaration à la demande du directeur.
Toutefois, le lendemain, certains jeunes furieux qui seraient venus de Siguiri, accompagnés d’autres de Dinguiraye, sont descendus dans les rues. Ils ont érigé des barricades dans la ville, saccagé et incendié les locaux de la gendarmerie territoriale et du commissariat central de Dinguiraye (siège de la police routière) en signe de représailles suite à la mort de Ousmane Berete.
La gendarmerie a ensuite arrêté Sagnane, l’accusant d’incitation à la violence du fait du communiqué qu’il a lu à la radio. Le Colonel Karamoko Boké Camara a appelé le journaliste au téléphone et lui a demandé de se rendre à la préfecture. A son arrivée, Sagnane a directement été mis à la disposition des agents enquêteurs qui l’ont libéré en précisant qu’il sera rappelé au besoin.
« Ils m’ont interrogé durant cinq heures. Je leur ai dit que c’est mon chef hiérarchique, le directeur général de la radio rurale de Dinguiraye qui m’a demandé de lire le communiqué à l’antenne. Et c’est ce que j’ai fait. Ils ont lié ce communiqué aux violences. Et moi j’ai dit que j’ai lu ce que mes chefs m’ont dit de lire », a expliqué Mamadou Sagnane à la MFWA.
La MFWA condamne fermement le comportement des jeunes qui ont saccagé le commissariat de police, nous dénonçons également la détention de Sagnane. Nous demandons également aux autorités de ne pas abuser des droits des dizaines de jeunes qui ont été arrêtés dans le cadre des émeutes.