Eric Nana Gyentua, a essuyé une avalanche de savates, de soufflets, et de coups de crosse de fusil
Le 03 février 2022, des officiers de police ont brutalement agressé Eric Nana Gyetuah, un présentateur de la radio Connect FM basée à Takoradi, capitale de la Région de l’Ouest du Ghana, le laissant avec un tympan percé.
La victime, qui est aussi le producteur d’une émission matinale sur Connect FM, prenait le déjeuner dans un restaurant local à Pipe Ano, une banlieue de Takoradi, lorsque des hommes armés vêtus en civil ont débarqué avec des suspects menottés. La scène a effrayé certaines des personnes présentes qui, pris de panique, ont pris leurs jambes à leur cou. Les suspects qui ont réussi à manger alors qu’ils étaient menottés sont sortis avant les agents de sécurité qui les accompagnaient.
Nana Gyetuah, poussé par ce qui avait intrigué plus d’un, filmait discrètement la scène depuis le parking, lorsqu’un des policiers l’a interpellé sous injonction de lui remettre son téléphone.
« J’ai rejeté sa requête parce que je ne savais pas ce qu’il voulait faire avec le téléphone. Il s’est donc jeté sur moi appelant ses collègues au renfort », Gyetua a narré à la MFWA.
La victime a éventuellement cédé son téléphone après avoir essuyé une avalanche de savates, de soufflets, et de coups de crosse de fusil. Elle a ensuite été jetée par la police dans la benne de l’un de leurs véhicules et conduite à la station de police alors qu’elle saignait encore.
Gyetua s’en est sorti avec un visage tuméfié, des vêtements en lambeaux et des écoulements auriculaires.
La police accuse Gyetua d’avoir illégalement pris des photos des suspects et de troubler l’ordre public. Il est resté en détention pendant quatre heures avant d’être libéré sous caution après l’intervention de la direction de Connect FM.
Le présentateur a reçu des soins de l’hôpital Effia Nkwanta de Takoradi grâce à un formulaire médical délivré par la police. Les médecins de l’hôpital général l’ont référé à un établissement médical spécialisé à Accra pour recevoir les soins d’un spécialiste. Gyetua a déclaré à la MFWA que les médecins craignent qu’il ne perde l’usage de son oreille droite à cause d’un tympan endommagé.
Le présentateur radio a par ailleurs confié que Mr Akuffo Dampare, le directeur général de la police nationale (DGPN) l’a appelé pour lui exprimer sa sympathie tout en lui promettant que des investigations approfondies seront menées sur l’agression. Il a également reçu l’appel de la sous-commissaire de police madame Lydia Yaako Donkor, directrice générale du Bureau des Normes professionnelles de la Police (PPSB), qui l’a recommandé au PPSB de la Police de la région de l’Ouest. Il a été exhorté à porter plainte le 12 février, mais a plutôt décidé, sur conseils de son avocat, de retirer le formulaire pour le remplir et le soumettre ultérieurement.
C’est la deuxième fois en trois mois qu’un journaliste de Connect FM se trouve dans des ennuis avec la police. Le 01 novembre, Nhyiraba Paa Kwesi Simpson, l’animateur de l’émission matinale de la radio a été détenu sous accusation d’avoir causé la peur et l’inquiétude après qu’un auditeur a affirmé au cours d’un coup de fil que sa petite amie avait été kidnappée (une information qui s’est plus tard révélée fausse).
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest condamne l’agression brutale subie par Nana Gyetuah et exhorte directeur général de la police nationale à veiller à ce qu’il tienne sa promesse de mener des enquêtes sur cette agression et à ce que justice rendue. Nous sommes consternés par cet énième cas d’abus commis par la police contre un journaliste pour avoir filmé ses activités. Les journalistes et les citoyens, à moins qu’ils obstruent les opérations policières, n’enfreignent aucune loi en filmant les opérations policières faites en public. Par conséquent, les autorités policières doivent rappeler leurs officiers à l’ordre à cet égard.