À l’occasion de la Fête du Travail 2025, célébrée en Afrique de l’Ouest sous le thème : « Œuvrer pour la paix et la stabilité afin de favoriser l’industrialisation, le commerce et le travail décent pour la justice sociale », la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) lance un appel pressant à tous les acteurs pour qu’ils prennent des mesures décisives face aux défis économiques persistants qui fragilisent le journalisme dans la région.
En août 2023, la MFWA, en collaboration avec le Département des études de communication de l’Université du Ghana, a mené une étude approfondie sur l’état des médias au Ghana. Ce rapport a mis en lumière de nombreuses difficultés : salaires insuffisants, absence ou faiblesse des assurances-vie, précarité de l’emploi. Autant de problèmes qui affectent de nombreux journalistes. Bien que ces constats concernent principalement le Ghana, ils illustrent des fragilités structurelles et financières plus larges qui touchent les médias à travers toute la sous-région.
L’étude révèle également que plusieurs médias, confrontés à une baisse drastique des revenus publicitaires, ont dû réduire leurs effectifs voire fermer, aggravant ainsi le chômage parmi les professionnels des médias. Ces conclusions soulignent l’urgence de solutions systémiques pour garantir la pérennité et la vitalité du secteur.
Malgré la réputation de liberté et de dynamisme de la presse au Ghana, les difficultés persistantes révèlent des problèmes plus profonds dans les 16 pays de la CEDEAO. C’est dans ce contexte que la MFWA s’aligne avec le thème de l’Organisation regionale africaine de la confédération syndicale internationale pour la Fête du Travail 2025, qui insiste sur la paix, le travail décent et la justice sociale.
La MFWA estime que des conditions de travail dignes pour les journalistes ne sont pas seulement essentielles pour leur subsistance, mais sont également fondamentales pour préserver la gouvernance démocratique, la transparence et la redevabilité publique. Les journalistes jouent un rôle de vigie, d’éducateurs et de remparts contre la désinformation, et ils doivent être soutenus pour assumer pleinement ces missions.
La MFWA invite les gouvernements de la sous-région, en tant qu’employeurs et communicateurs clés, à soutenir activement le secteur des médias. L’un des moyens concrets serait d’assurer une répartition équitable de la publicité institutionnelle rémunérée, ce qui contribuerait à la viabilité financière des organes de presse.
Elle encourage également les organisations de la société civile à continuer de défendre les droits et le bien-être des journalistes. Des initiatives comme le Réseau d’avocats pour la défense des médias et des activistes en Afrique de l’Ouest (WANAMDEL), qui apporte un soutien juridique aux journalistes face aux menaces et harcèlement, la bourse pour la nouvelle génération de journalistes d’investigation (NGIJ), qui forme la relève, sont des pas dans la bonne direction. Toutefois, davantage d’efforts sont nécessaires pour améliorer les conditions de travail des des professionnel.le.s des médias.
Les propriétaires et responsables de médias sont aussi appelés à innover en tirant parti des plateformes numériques, en explorant la monétisation des contenus et en diversifiant leurs sources de revenus afin de renforcer leur résilience et le bien-être de leur personnel.
En cette Fête du Travail, la MFWA réaffirme que l’autonomisation économique des journalistes est un pilier essentiel pour la protection de la liberté de la presse et l’ancrage des valeurs démocratiques en Afrique de l’Ouest. Elle exhorte tous les acteurs publics, privés et de la société civile à réfléchir ensemble à ces défis et à œuvrer pour un avenir plus durable et plus digne du journalisme dans la région.