La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest MFWA condamne l’agression des journalistes de Global FM alors qu’ils étaient en pleine émission et demande des sanctions appropriées contre l’auteur de l’agression.
Alpha Saliou Barry un conseiller communal, responsable de la commission cadre de vie et de l’assainissement de la commune urbaine de Mamou situé à environ 285 km au nord de Conakry, a perpétré cette attaque éhontée le 12 août 2021. Le directeur de la jeunesse du district était l’invité de l’émission « choc des idées » qui portait ce jour-là sur la situation sanitaire du district. Le directeur était au studio pour promouvoir un programme d’assainissement initié par les autorités locales afin de mobiliser les jeunes pour nettoyer la ville chaque samedi.
L’un des journalistes qui présentait l’émission a déclaré que la ville de Mamou était en désordre et que les médias suivraient de près les progrès de cette initiative.
Furieux de ce qu’il considère comme une remise en cause de ses performances en tant que conseiller municipal responsable de l’assainissement, Alpha Saliou Barry s’est précipité à la radio, a pris d’assaut le studio et a agressé les trois présentateurs, sur fond de menaces et d’insultes.
L’attaque a interrompu le programme en direct, tandis que l’un des journalistes agressés, Thierno Mamadou Sow, a vu son téléphone endommagé.
« Il a fait ainsi fait irruption dans le studio en s’attaquant aux animateurs. Le technicien était obligé de fermer les micros car, Alpha Saliou Barry s’était mis en colère. Il criait, proférait des menaces dans le studio. Le téléphone d’un animateur a été endommagé pendant l’altercation » a expliqué ce responsable de la radio.
Aussitôt, la radio a déposé une plainte au commissariat centrale de police de Mamou contre Saliou Barry. Celui-ci a été interrogé sur la base d’un rapport de police et déféré au procureur de la République. Barry est poursuivi pour « injure, menace et destruction de bien privée ». Il comparaitra devant un juge le mardi prochain au Tribunal de Première Instance de Mamou le 17 août.
L’action du conseiller Barry a été vivement condamnée par la communauté des médias de Guinée. Le bureau exécutif du syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) a rendu public ce vendredi un communiqué dans lequel il condamne l’acte de ce conseiller de la commune de Mamou
« Cet agresseur dont le comportement l’éloigne de l’image d’un cadre municipal s’est bizarrement incrusté dans le studio pendant que nos confrères (un technicien et 3 journalistes accompagnés de l’invité du jour) étaient en direct. En plus de l’indigne brusquerie de son entrée qui a semé la panique dans le studio, il s’y est également livré à d’autres actes de barbarie (injures, cris et tentatives de coups volontaires), sans oublier un téléphone endommagé » a déploré le syndicat, dans un communiqué.
Une autre déclaration a été faite par l’Union des radios et télévisions indépendantes de Guinée, URTELGUI, également le 13 août.
« L’Union des Radiodiffusions et Télévisions Libres de Guinée soutient d’ores et déjà, la poursuite judiciaire déjà engagée à l’encontre de l’agresseur, en vue d’une sanction légale, susceptible de dissuader d’autres personnes malintentionnées » dit le président de cette union des radios privées.
Selon les dernières informations, la direction de Global FM a retiré l’affaire du tribunal pour un règlement à l’amiable. Ceci fait suite à des excuses écrites du maire de Mamou Elhadj Amadou Tidiane Diallo, au nom du conseiller Barry. La station l’a fait savoir dans une lettre adressée à URTELGUI le 16 août. Elle a cité « les interventions des acteurs sociaux, religieux et administratifs de Mamou pour justifier sa décision de rechercher un règlement à l’amiable de la question ».
La MFWA se félicite des excuses du maire concernant l’attaque de la station de radio par le conseiller Barry. Nous insistons toutefois sur le fait que l’administration du district doit sanctionner le fonctionnaire fautif afin de dissuader d’autres personnes de violer la liberté de la presse. Nous mettons également en garde contre le fait que les compromis avec les agresseurs de journalistes encouragent les futurs agresseurs tout en décourageant les initiatives de solidarité et les militants anti-impunité.