La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne le renversement par l’armée, le 26 juillet 2023, du Président du Niger, Mohamed Bazoum, et se joint à la CEDEAO et à d’autres organisations à travers le monde pour exiger un retour immédiat à l’ordre constitutionnel.
Un groupe de dix officiers de l’armée dirigé par le colonel Amadou Abdramane a annoncé à la télévision nationale nigérienne, aux premières heures du mercredi 26 juillet 2023, que les forces de défense et de sécurité avaient pris le pouvoir, en invoquant “la détérioration continue de la situation sécuritaire et la mauvaise gouvernance économique et sociale”.
Faisant partie des plus hauts gradés de l’armée, les putschistes ne peuvent se soustraire à la responsabilité de la situation sécuritaire au Niger. De même, ils n’ont ni le statut ni l’expertise nécessaires pour gérer la gouvernance économique et sociale du pays.
Le peuple nigérien a dûment exercé son droit constitutionnel et a élu le président Mohamed Bozoum le 21 février 2021, et son choix souverain doit être respecté par tous, y compris par les militaires. En plus de montrer un mépris total pour le progrès et le bien-être du peuple nigérien, le coup d’État est une violation flagrante de la constitution du Niger et du Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance qui stipule que “toute accession au pouvoir doit se faire par le biais d’élections libres, justes et transparentes”. La MFWA appelle donc au rétablissement immédiat du gouvernement élu du Niger et demande instamment à la CEDEAO d’utiliser tous les moyens légitimes pour y parvenir.
Lorsque le président Bazoum a pris ses fonctions en 2021, il s’agissait de la première passation de pouvoir démocratique du pays. Par conséquent, cette passation a été saluée comme le début d’une nouvelle ère de stabilité démocratique après des années de coups d’État militaires. La communauté internationale doit veiller à ce que cette nouvelle ère de stabilité soit maintenue.
Par le passé, les interventions militaires dans les pays africains n’ont fait qu’engendrer l’instabilité, la stagnation économique, des violations flagrantes des droits de l’homme et la restriction de l’espace civique. La junte a déjà fait part de ses intentions répressives en fermant les frontières terrestres et aériennes du Niger et en suspendant indéfiniment les activités de tous les partis politiques. Les forces de sécurité ont également violé le droit des citoyens à manifester en dispersant par la force les partisans du président Bazoum qui se rendaient au palais présidentiel pour dénoncer le coup d’État.
Ce coup d’État risque d’affaiblir la volonté et la détermination nationales dans la lutte contre la violence terroriste qui sévit depuis près de deux décennies dans certaines régions du pays. Il menace d’annuler les progrès démocratiques réalisés par le Niger et de saper les efforts des organisations de la société civile comme la MFWA pour consolider la bonne gouvernance dans le pays.
Parmi les nombreuses interventions de la MFWA pour promouvoir une gouvernance transparente et responsable, on peut citer la tenue à Niamey d’un forum public sur l’accès à l’information le 10 août 2021. Le forum, organisé en collaboration avec nos partenaires locaux ONIMED, a également vu le lancement d’un manuel pour les journalistes sur l’accès à l’information et un atelier de formation qui a renforcé les compétences et les connaissances des journalistes sur la loi relative à l’accès à l’information du Niger et sur la façon de l’utiliser pour produire des reportages fascinants.
La MFWA considère le coup d’État comme une attaque frontale contre la démocratie et un acte de provocation à l’encontre du peuple souverain du Niger. Nous redoutons la probabilité d’une violation endémique des droits de l’homme sous un régime militaire autoritaire et illégitime. Par conséquent, nous demandons instamment à l’Union africaine. Le Conseil de sécurité des Nations Unies et, en particulier, la CEDEAO à conjuguer leurs efforts pour s’assurer que cette usurpation illégale et scandaleuse du pouvoir au Niger soit renversée.