La Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) et ses organisations partenaires nationales ont appelé les gouvernements d’Afrique de l’Ouest à élaborer des stratégies nationales pratiques et cohérentes pour assurer la protection et la sécurité des journalistes conformément aux engagements qu’ils ont pris sous divers traités, conventions et protocoles en matière de liberté de la presse et la sécurité des journalistes.
L’appel a été lancé dans le cadre des résolutions adoptées par la MFWA et ses organisations partenaires à travers l’Afrique de l’Ouest lors d’une réunion tenue le 1er mai 2018 à l’hôtel Alisa à Accra avant la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse accueillie par le Ghana les 2 et 3 mai 2018. Des rédacteurs en chef et des défenseurs des droits à la liberté d’expression de l’Ouganda, de la République Démocratique du Congo et de l’Ethiopie et d’autre pays hors d’Afrique ont également assisté à la réunion. À l’issue de la réunion à laquelle le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression et d’opinion, David Kaye était l’invité spécial, les participants ont unanimement adopté et émis cette résolution en 11 points:
- Les participants ont appelé les gouvernements d’Afrique de l’Ouest à défendre les droits à la liberté d’expression consacrés dans leurs constitutions nationales respectives ainsi que dans les instruments régionaux et internationaux garantissant l’accès à l’information et la liberté d’expression.
- La réunion a également appelé les gouvernements de la région et les institutions publiques concernées à donner la priorité à la protection et la sécurité des journalistes ainsi qu’à la lutte contre l’impunité pour les crimes contre les journalistes.
- Les participants ont appelé les propriétaires et les gestionnaires des organes de média ainsi que les syndicats des journalistes à assumer la pleine responsabilité pour la sécurité de leurs employés et de leurs membres, en leur offrant une formation sur la sûreté et la sécurité et en assurant le suivi lorsqu’ils sont victimes des violations.
- Tout en félicitant tous les acteurs étatiques et non étatiques pour une baisse notable des formes les plus graves de violations telles que meurtres, disparitions forcées, tortures et longues peines d’emprisonnement pour diffamation, les participants ont néanmoins dénoncé la persistance d’attaques physiques, arrestations et détentions arbitraires, interrogatoires et autres formes de harcèlement contre les journalistes et professionnels des médias dans la région.
- Les participants ont déploré les nombreux cas de violations commises par des agences de sécurité de l’État contre des journalistes et ont appelé les autorités à prendre des mesures pour mettre un terme à ces attaques.
- Profondémentpréoccupés par la situation au Niger et en Mauritanie, les participants ont appelé les autorités Mauritaniennes à mettre fin au contrôle judiciaire exercé sur quatres journalistes seniors du pays depuis Août 2018. Ils ont également demandé au gouvernement nigérien de libérer les nombreux journalistes et acteurs de la société civile arrêtés et détenus dans le cadre des récentes manifestations anti-gouvernementales.
- La réunion a également exhorté les autorités des différents pays de la sous-région à collaborer avec l’ensemble des acteurs concernés pour élaborer et adopter des protocoles de sécurité bien définis pour la protection des journalistes en reportage dans les zones touchées par l’insurrection.
- La réunion a appelé les gouvernements des pays qui n’ont pas encore dépénalisé la diffamation à le faire pour mettre fin à l’emprisonnement des journalistes pour les délits de presse et empêcher que les medias s’imposent l’autocensure.
- Notant que les abus contre les journalistes ont tendance à augmenter pendant les années électorales, les participants ont exhorté les gouvernements des pays qui se rendent aux urnes en 2018 et au-delà, à s’assurer que les journalistes puissent couvrir librement les processus électoraux, étant donné que les attaques contre les journalistes et la suppression des droits à la liberté d’expression pendant les élections portent atteinte à la crédibilité des processus électoraux et la légitimité de leurs résultats.
- Reconnaissant que de nombreux journalistes courent plusieurs risques dans leur tentative d’accéder, par des moyens indirects, à des informations importantes, les participants ont appelé les gouvernements de la région qui n’ont pas encore adopté des lois sur le droit à l’information, à le faire à fin de réduire les risques encourus par les journalistes dans leurs tentatives de cueillir des informations auprès des fonctionnaires et d’institutions publiques.
- Les participants ont appelé tous les acteurs concernés à conjuguer leurs efforts pour promouvoir la liberté de la presse et le plaidoyer pour la fin de l’impunité pour les crimes contre les journalistes.
Adopté à Accra au Ghana, le 1er mai 2017