Le Tribunal de Grande Instance de Ouaga 1 de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, a condamné Issaka Bagagnan à 12 mois de prison, dont 6 mois avec sursis, pour incitation à la haine.
Le vendeur ambulant âgé de 35 ans a également été condamné par l’État à payer une amende de 500 000 francs CFA (environ 780 dollars américain) ainsi qu’à verser au journaliste Newton Ahmed Barry un franc symbolique.
La condamnation de M. Bagagnan, le 22 juillet 2022, était en connexion avec un audio viral dans lequel il proférait des menaces de mort à l’encontre de M. Barry, et appelait à vandaliser sa maison.
- Bagagnan a plaidé coupable face aux accusations de “diffamation, injures publiques, incitation à la violence et destruction de biens privés par le biais des réseaux sociaux”, a confié M. Barry à la MFWA.
En juin 2022, M. Bagagnan a enregistré et fait circuler un audio qui appelait le public à s’en prendre à M. Barry, ancien rédacteur en chef du journal d’investigation privé l’Evènement.
« Brûlez sa maison, démolissez-la complètement, ramassez tous les gravats et nettoyez le terrain », peut-on entendre Bagagnan déclarer dans la langue locale Mooré, ajoutant que M. Barry est un « terroriste qui ne mérite pas de vivre au Burkina Faso ».
Bagagnan a initialement été cité à comparaître devant le tribunal le 15 juillet 2022 par la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC). Toutefois, le procès a été renvoyé au 22 juillet 2022, faute d’avocat pour le défendre.
Le condamné appartenait à un groupe WhatsApp appelé “Burkina Russia”, dont l’objectif était de contraindre le Burkina Faso à rompre sa coopération avec la France et à signer des accords avec la Russie comme le Mali l’a fait. En tant que supporter de la Russie, Bagagnan s’est offusqué lorsque, le 19 mai 2022, M. Barry a remis en question les avantages de la coopération militaire du Mali avec la Russie au cours de « Surface de vérité », une émission en direct de la chaîne de télévision privée BF1.
Le verdict du tribunal a été salué par de nombreuses personnes dans le pays. Le journaliste, qui craignait pour sa sécurité et celle de sa famille, s’est dit heureux et satisfait de la décision de justice.
« Je suis vraiment satisfait. Merci à la Fondation des médias pour tout son soutien. Merci aux organisations de journalistes du Burkina Faso et du monde entier pour leur solidarité. Merci », a-t-il fait savoir lors d’un chat avec la MFWA via une application de messagerie.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) se félicite de la décision du tribunal comme un pas dans la bonne direction, et une mesure qui peut apporter un sentiment de soulagement et de sécurité au journaliste menacé. Bien que nous saluions cette décision, nous exhortons toujours les autorités du Burkina Faso à ne rien prendre pour acquis en ce qui concerne la sécurité de Newton Ahmed Barry.