La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) apprend de sources judiciaires depuis Abidjan que le journaliste Claude Dassé a été entendu par la procureur le 15 juin 2021 dans l’affaire en instruction, l’opposant a un responsable de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
L’affaire remonte au 6 mai 2020 quand le journaliste a été agressé à la Maca alors qu’il menait une enquête sur un suppose racket organisé par des gardes pénitentiaires sur les détenus de ce pénitencier.
Claude Dassé, Grand Reporter au quotidien L’Intelligent d’Abidjan et membre de l’Organisation nationale des journalistes d’investigation de Côte d’Ivoire (ONJI-CI) préparait un article sur le prétendu racket organisé par des gardes pénitentiaires sur les détenus de la Maca en mai 2020. Il s’y est rendu le 6 mai suite à un RDV pris, deux jours plus tôt, avec le régisseur et le responsable des gardes pénitentiaires mis en cause dans son enquête. Malheureusement, il passera un quart d’heure terrible. Il a été frappé, séquestré et menacé de mort par des gardes pénitentiaires sur ordre, selon lui, du mis en cause, Koné Kassoum dit ‘’La Machine’’.
Toutes les organisations professionnelles de la presse (OPM) dont l’ONJI-CI) ont fait des déclarations, condamné l’acte et exigé qu’une enquête soit ouverte sur la question. La procureure de la République de Yopougon (la commune d’Abidjan où se trouve la prison), Rosalie Zalo, avait indiqué à l’AFP, avoir ouvert une enquête confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie. La victime présumée, le garde pénitentiaire principalement mis en cause, le régisseur de la MACA, le directeur de l’administration pénitentiaire et quelques témoins ont été entendus, a déclaré la procureure.
À ce jour, on peut affirmer que l’enquête est bouclée : « Justice/suite à l’affaire liée à mon agression à la MACA : je suis convoqué par la juge d’instruction pour être entendu », peut-on lire sur la page du journaliste victime sans faire de précision.
Mieux, de sources judiciaires, sieur Koné Kassoum dit ‘’La Machine’’ et sa bande sont poursuivis pour deux chefs d’accusation : extorsion de fonds aux prisonniers et séquestration arbitraire, coups volontaires et voies de faits la personne de Claude Dassé.
Joint par téléphone, la victime présumée, Claude Dassé précise : « J’ai été convoqué par téléphone dans l’après-midi du vendredi 11 juin 2021, par la juge d’instruction, qui me convoque à son bureau, pour le mardi 15 juin 2021, à 11h, pour être entendu ».
C’est le lieu de préciser qu’en Côte d’Ivoire, les journalistes sont régulièrement la cible de certains individus en mal de publicité. Récemment, le 3 juin 2021, le journaliste, Traoré Medandje (chef d’équipe), membre de l’ONJI-CI et son cadreur Mathurin Badé – tous deux de NCI –, et le correspondant de RFI, François Hume Ferkatadji, ont été molestés ; le matériel de travail de NCI a été endommagé par une horde de jeunes du Pdci. Ces violences ont été exercées sur nos confrères alors qu’ils couvraient une rencontre entre le ministre ivoirien de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin, et le secrétariat exécutif du Pdci-Rda, présidé par Maurice Kacou Guikahué, au siège de ce parti à Cocody.
Dans le journal télévisé, le présentateur de cette chaîne, Ali Diarrassouba avait indiqué que NCI se réservait ‘’le droit de saisir les juridictions compétentes pour faire la lumière sur cet incident inacceptable’’.
Un an après l’agression qui a failli coûter la vie à notre confrère, nous ne sommes qu’au stade des auditions avant l’ouverture du procès. « C’est déjà un bon signe », déclare Claude Dassé.
La MFWA qui œuvre pour la liberté de la presse exhorte les responsables administratifs à éduquer leurs collaborateurs sur le rôle important d’information du public que jouent les journalistes. Elle suit avec beaucoup d’intérêt cette affaire afin les auteurs soient punis.