Suite à sa sortie de prison, le journaliste béninois Ignace Sossou a effectué ce qu’il appelle une «visite de remerciement» dans les locaux de la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) à East Legon, Accra, le 19 février 2020.
Après une « salutation de coude» aussi chaleureuse que le permettaient les protocoles COVID-19, le journaliste emprisonné en 2019 en lien avec son travail, a déclaré au directeur exécutif de la MFWA qu’il était venu exprimer son remerciement et sa reconnaissance à la MFWA pour le rôle qu’elle a joué pour le faire sortir de prison.
«Je ne saurais assez remercier la MFWA pour le plaidoyer assidu que vous avez mené et qui a contribué à l’aboutissement de mon recours en appel et, éventuellement, à ma libération. Les conditions de prison étaient terribles, mais le combat que vous avez mené en mon nom, aux côtés des efforts d’autres organisations de la liberté de la presse, m’a toujours permis de garder le moral», a déclaré le journaliste.
Sossou, qui travaille avec Benin Web TV, a été arrêté à son domicile le 20 décembre 2019 par des agents du bureau central pour la répression de la cybercriminalité et traduit devant un tribunal, qui l’a condamné à 18 mois de prison le 24 décembre 2019.
Son arrestation et sa condamnation font suite à la plainte du procureur du Bénin. Ce dernier accusait le journaliste, qui couvrait une conférence, d’avoir publié hors contexte ses propos sur Twitter et Facebook.
Suite à l’emprisonnement de Sossou, la MFWA a lancé de nombreuses initiatives, y compris une pétition conjointe avec ses organisations nationales partenaires, pour la libération du journaliste. Nous nous sommes également joints à de nombreuses organisations internationales de défense des droits de l’homme pour faire pression sur les autorités béninoises afin d’obtenir la libération inconditionnelle du journaliste.
Le 24 mars 2020, soit exactement trois mois depuis l’arrestation de Sossou, la MFWA a de nouveau publié un communiqué appelant les autorités béninoises à mettre fin à la détention injuste du journaliste.
Le 28 avril 2020, alors que le journaliste comparaissait devant le tribunal pour une audience, la MFWA et sept autres organisations de la liberté de la presse ont publié un communiquéappelant les autorités béninoises à le libérer notamment au regard du risque d’infection par le COVID-19 lors de sa détention.
Le 3 mai, la MFWA et ses partenaires nationaux ont adressé une pétition au Rapporteur spécial sur la liberté d’accès à l’information de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), Lawrence Mute, l’exhortant à intervenir dans l’affaire pour assurer la libération du journaliste.
Les pressions exercées par les organisations de la liberté d’expression, y compris la MFWA, ont contribué à la réduction de la peine à 12 mois, avec 6 mois de sursis par la Cour d’appel. Il a finalement été libéré le 24 juin 2020.
Le journaliste, reconnaissant, a décidé de rendre visite au bureau de la MFWA pour exprimer son appréciation pour ses efforts de plaidoyer qui ont fait pression sur les autorités béninoises pour qu’elles réduisent des 12 mois sa peine de 18 mois.
Le directeur exécutif de la MFWA, Sulemana Braimah, a félicité le journaliste pour son courage et sa ténacité. Il a saisi l’occasion pour exprimer son inquiétude face à la tendance croissante à manipuler les lois relatives à la cybercriminalité pour réprimer le journalisme et l’activisme en ligne.