La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a lancé une pétition auprès de plusieurs organes de l’ONU, de l’Union africaine et de la CEDEAO afin d’obtenir la libération du journaliste sénégalais Pape Ale Niang, détenu depuis plus d’un mois.
« Le journaliste est en grève de faim et sa santé se détériore. Par conséquent, nous vous demandons d’intervenir auprès des autorités sénégalaises pour obtenir la libération du journaliste afin d’éviter de nouvelles violations de ses droits et une éventuelle issue fatale », écrit la MFWA dans sa pétition adressée à la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la liberté d’opinion et d’expression, Mme Irene Khan, à la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, et au Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
La MFWA a également adressé une pétition au rapporteur spécial de l’UA sur la liberté d’expression et l’accès à l’information, au président de la Commission de l’UA, au président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), ainsi qu’au président de la CEDEAO et au président de la Commission de la CEDEAO. Une pétition similaire a également été adressée à l’ambassadeur et au chef de la délégation de l’Union européenne au Sénégal, ainsi qu’aux ambassadeurs de France, des États-Unis et du Royaume-Uni au Sénégal.
Niang est le directeur de la rédaction du site d’information privé DakarMatin et participe régulièrement à des émissions sociopolitiques à la radio et à la télévision à Dakar. La police sénégalaise l’a arrêté et placé en détention le 3 novembre 2022, sur ordre du procureur général, Amady Diouf.
Cette arrestation fait suite à une publication sur le procès pour viol d’un important politicien de l’opposition, Ousmane Sonko, dans laquelle le journaliste citait des sources militaires. Dans une vidéo publiée en ligne, Pape Niang lit un rapport qui montre prétendument que les militaires ont mené des enquêtes qui ont absous l’homme politique de l’allégation de viol. Le 9 novembre 2022, les autorités judiciaires ont autorisé la police à maintenir Niang en détention après l’avoir formellement inculpé. Il a été accusé d’avoir révélé des informations susceptibles de porter atteinte à la défense nationale, d’avoir possédé des documents militaires et d’avoir diffusé de fausses nouvelles susceptibles de discréditer des institutions publiques. Le journaliste a nié ces accusations.
La MFWA a fait valoir dans sa pétition que Pape Niang a simplement rendu public le contenu d’un document qui a une incidence sur le procès d’une personnalité publique, ce qui est une question d’intérêt public.
Elle a également déclaré que les autorités n’ont pas réussi à prouver leurs allégations d’atteinte à la sécurité nationale pour répondre aux normes internationales de restriction du droit à la liberté d’expression. Citant le Comité des droits de l’homme des Nations unies (observation générale n° 34, paragraphe 35), la MFWA a déclaré que les États invoquant des raisons de sécurité publique ou de sécurité nationale pour restreindre la liberté d’expression doivent établir un lien direct et immédiat entre l’expression et ladite menace. « Par ailleurs, la population sénégalaise, que le gouvernement est censé protéger, s’est massivement mobilisée en faveur du journaliste », indique la pétition.
La MFWA a également cité la détérioration de l’état de santé de Pape Ale Niang qui est en grève de la faim et appelle les différentes autorités sollicitées à intervenir pour aider à obtenir la libération du journaliste. Lisez la pétition complète ici.