Les autorités militaires de Sierra Leone doivent enquêter sur l’agression brutale du journaliste d’investigation Fayia Amara Fayia, par des militaires à Kenema le 2 avril 2020, et traduire les auteurs en justice.
Le journaliste, qui travaille pour le journal Standard Times, s’était rendu sur un site de quarantaine COVID-19 présumé à Dama Road, pour y faire un reportage sur les activités qui s’y déroulaient. Cependant, lui et d’autres journalistes présents se sont vus refuser l’entrée dans l’installation. Il a donc décidé de prendre des photos avec son téléphone à distance. Alors que le journaliste était occupé à prendre des photos, un certain Major Fofanah s’est précipité sur Fayia et a saisi son téléphone portable. Le soldat a alors appelé ses collègues, au nombre d’environ neuf, qui ont soumis Fayia à de sévères coups.
Selon l’Association des journalistes de Sierra Leone, Fayia, qui a été blessé lors de l’attaque, n’a pas reçu de soins médicaux mais a été détenu par la police de Kenema jusqu’à ce que ses collègues interviennent pour obtenir sa libération et l’amener à l’hôpital.
Le journaliste répondrait aux soins dispensés à l’hôpital, mais il est confiné dans un fauteuil roulant.
L’attaque survient quelques jours après que le Makoni Times ait publié une vidéo sur Facebook dans laquelle la Première Dame de Sierra Leone, Mme Fatima Maada Bio, aurait menacé de justice populaire les critiques du gouvernement de son mari.
L’agression de Fayia survient également à peine une semaine après celle d’Angela Nkwo-Akpolu, correspondante du journal Leadership dans l’Etat d’Imo, qui couvrait le COVID-19 le 28 mars 2020 au Nigeria. Un agent de sécurité a saisi les lunettes de la journaliste ainsi que son iPad et a effacé les photos qu’elle avait prises d’un hôtel qui avait été contraint de mettre ses clients en quarantaine pour ne pas avoir respecté les directives du gouvernement sur l’endiguement de la pandémie.
La MFWA condamne l’attaque gratuite contre les Fayia et demande aux autorités militaires d’enquêter sur l’incident et de punir les coupables. Nous appelons également les journalistes de Sierra Leone et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest à prendre des mesures pour être attentifs à leur sécurité personnelle lorsqu’ils font des reportages sur la pandémie. À cette fin, les différentes associations professionnelles des médias et les agences de sécurité doivent adopter une attitude de coopération et de respect du mandat de chacun en cette période critique.