La Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne dans les termes les plus fermes l’attaque par des hommes armés en uniforme de police sur la Radio Capital FM basée à Bissau, et demande aux autorités de la Guinée-Bissau d’enquêter sur l’incident et de veiller à ce que les coupables soient punis.
“A l’aube du 26 juillet 2020, les locaux de Capital FM ont été envahis par un groupe d’hommes en uniforme de police et munis d’armes automatiques. Le groupe a totalement détruit le matériel radio, l’émetteur, les ordinateurs, la console de mixage et les chaises de studio”, a annoncé la station de radio dans une déclaration signée par son directeur exécutif, Lansana Cassama.
La station a publié plusieurs photos de son matériel vandalisé et a noté que l’étendue des dommages aux autres équipements ne peut être établie qu’après un audit par les techniciens des unités respectives. Elle a ajouté que “cet acte s’est produit après que plusieurs menaces aient été proférées à l’encontre de Radio Capital FM, qui ont été signalées en temps voulu aux autorités compétentes”.
Des agents du département des enquêtes criminelles de la police sont allés inspecter les lieux, tandis que le ministre de l’intérieur, Botchá Candé, a rencontré la direction de Radio Capital, promettant d’ouvrir une enquête sur l’attaque. Un groupe de policiers a été déployé dans le bâtiment abritant la station de radio pour la surveiller. Une journaliste de Capital Radio FM, Sabina Santos, a cependant déclaré à la MFWA dans une interview que si les auteurs de l’attentat ne sont pas arrêtés, il ne se sentira pas en sécurité pour retourner au travail lorsque la station reprendra ses émissions.
L’attaque a été condamnée par le syndicat des professionnels des médias et l’organisation partenaire de la MFWA en Guinée-Bissau, le Sindicato de Jornalistas e Técnicos de Comunicação Social (SINJOTECS).
“C’est une vaine tentative de faire taire Capital Radio FM, et c’est une violation flagrante de la liberté de la presse que nous condamnons fermement” a déclaré SINJOTECS le 26 juillet 2020, dans une déclaration signée par sa présidente, Indira Correia Baldé. SINJOTECS a ensuite donné une conférence de presse le 27 juillet, où elle a appelé les autorités à s’assurer que les auteurs de l’attaque soient identifiés et tenus responsables. Elle a également exhorté le gouvernement à garantir la sécurité de tous les médias et des journalistes, tout en demandant l’intervention d’organisations internationales telles que “l’ONU, l’Union européenne, l’Union africaine et la CEDEAO, pour assurer le respect de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et des droits de l’homme en Guinée-Bissau”.
C’est la deuxième fois en cinq mois que des agents de force armés prennent d’assaut une organisation de médias et perturbent ses activités. Le 29 février 2020, des soldats proches du nouveau président, Umaro Sissoco Embalo, ont envahi les locaux du service national de radiodiffusion Radio-Télévision Guinée Bissau (RTGB), évacué le personnel et occupé les locaux pendant plus d’une semaine. L’action des soldats a fait suite au refus de la radiotélévision d’État de couvrir l’inauguration du président Embalo le 27 février 2020 et l’inauguration rivale le lendemain de Cipriano Cassama, suite aux résultats contestés du second tour de l’élection présidentielle de décembre 2019.
La MFWA est profondément préoccupée par la violente invasion de Capital Radio FM, en particulier après plusieurs menaces contre la station de radio qui ont été dûment signalées aux autorités. Nous considérons cette attaque comme une tentative de réduire au silence les organes de médias et les journalistes critiques. Nous demandons au gouvernement du président Umaro Embalo de veiller à ce que cet incident fasse l’objet d’une enquête approfondie et que les auteurs soient sanctionnés. Il est dans l’intérêt du gouvernement et des services de police en particulier de trouver et de sanctionner les auteurs afin de démontrer leur aversion pour ce crime. Enfin, la MFWA exhorte toutes les parties prenantes des médias et de la fraternité des droits de l’homme en Guinée-Bissau à se dresser contre les intimidateurs et à lutter ensemble contre l’impunité des crimes contre les médias.